(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières déplore la multiplication des cas de censure à l’encontre des médias internationaux ou locaux. Au cours des derniers jours, les programmes de la BBC World Service ont été brouillés par la Sri Lanka Broadcasting Cooperation (SLBC, gouvernementale) et l’un des médias les plus critiques du pays, le « Sunday Leader », s’est […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières déplore la multiplication des cas de censure à l’encontre des médias internationaux ou locaux. Au cours des derniers jours, les programmes de la BBC World Service ont été brouillés par la Sri Lanka Broadcasting Cooperation (SLBC, gouvernementale) et l’un des médias les plus critiques du pays, le « Sunday Leader », s’est vu interdire d’évoquer le frère du chef de l’État.
« La censure directe et indirecte est un phénomène rampant et inquiétant au Sri Lanka. Après le projet de loi sur les médias audiovisuels, réintroduisant la censure de l’information, le blocage sélectif des informations diffusées par la BBC et le ‘Sunday Leader’ sont préoccupants. Les autorités doivent accepter la libre circulation de l’information, même quand cela contredit le discours des officiels et irrite certains responsables », a affirmé Reporters sans frontières.
L’organisation déplore notamment la censure de certains passages des programmes en cingalais de la BBC World Service du 10 décembre et du 27 novembre 2008. Les autorités ont décidé de brouiller, le 10 décembre, un reportage sur la manifestation de politiciens du Tamil Nadu (Inde), faisant suite aux propos du chef d’état-major sri lankais qui les avait qualifiés de « blagueurs ». Le 27 novembre, la SLBC a rendu inaudible certains extraits du discours du chef des LTTE mais aussi d’une conférence de presse des responsables du site Defence Watch.
La SLBC est tenue, par contrat, de transmette quotidiennement les programmes des services en tamoul et en cingalais de la radio britannique. Depuis août 2008, la SLBC diffuse, juste après les émissions de la BBC, un programme apportant le point de vue officiel sur les informations données par les journalistes de la station britannique.
« Il nous semble important que la BBC rappelle aux autorités sri lankaises le contrat de diffusion qui les lient. Ces censures sont un abus délibéré des règles commerciales », a ajouté l’organisation.
Par ailleurs, le site du ministère de la Défense, ( http://www.defence.lk ), attaque de plus en violemment la BBC World Service. Ainsi, les reportages du service en cingalais de la station britannique ont été qualifiés de « mensonges diaboliques » dans un rapport publié le 11 décembre. Les journalistes de la BBC sont accusés d’être les complices de la propagande des terroristes des Tigres tamouls lorsqu’ils évoquent le sort des civils dans les zones de guerre.
Par ailleurs, un juge a interdit le 5 décembre au groupe Leader Publications, qui diffuse notamment l’hebdomadaire « Sunday Leader », de publier pendant deux semaines quelque information que ce soit sur le secrétaire à la Défense et frère du chef de l’État, Gotabhaya Rajapaksa. Ce dernier s’était déplacé en personne devant la cour pour dénoncer les « articles calomnieux » publiés par ce groupe de presse privé. Le plaignant a également réclamé des dommages et intérêts à hauteur d’un milliard de roupies (environ sept millions d’euros).
L’imprimerie du groupe a été attaquée en novembre 2007 par une quinzaine d’hommes armés qui ont détruit de nombreux équipements. Les locaux sont situés dans une zone de haute sécurité proche d’un aéroport militaire de Colombo. La police n’a procédé à aucune arrestation dans cette affaire.