(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande des explications au président sri lankais Mahinda Rajapakse sur les raisons de la prise de contrôle par l’armée, le 17 mars 2008, de la chaîne de télévision d’État Sri Lanka Rupavahini Corporation (SLRC). Cette décision fait suite à la menace des employés de se mettre en grève pour protester […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande des explications au président sri lankais Mahinda Rajapakse sur les raisons de la prise de contrôle par l’armée, le 17 mars 2008, de la chaîne de télévision d’État Sri Lanka Rupavahini Corporation (SLRC). Cette décision fait suite à la menace des employés de se mettre en grève pour protester contre une série d’agressions par des hommes « suspectés d’agir pour le compte d’un ministre ».
« Le chef de l’État doit demander au plus vite à l’armée de se retirer des locaux de la chaîne. Ce n’est en aucun cas la bonne solution pour mettre fin à l’escalade de violences dont sont victimes les employés de la SLRC depuis décembre 2007. Nous demandons au Président de prendre des sanctions contre le ministre Mervyn Silva, auteur du coup de force qui a provoqué cette crise », a déclaré Reporters sans frontières.
L’armée et la police ont investi les locaux de la SLRC, dans la matinée du 17 mars, à Colombo. Plus de 200 salariés ont été empêchés de se rendre à leur travail. Selon un correspondant de la BBC, toutes les routes menant à la station ont été coupées. Dans la foulée, le ministre de l’Information a annoncé des « vacances obligatoires » pour tous les employés. Les programmes ont été largement perturbés.
Les représentants syndicaux de la chaîne ont déclaré que les autorités avaient décidé de prendre le contrôle de la SLRC, en réponse à une menace de grève. Un représentant syndical, Kanchana Marasinghe, a déclaré que de nombreux journalistes craignaient pour leur vie et souhaitaient qu’il soit mis fin aux violences dont ils sont victimes.
Pas moins de cinq employés de la chaîne ont été agressés au cours des dernières semaines, certains souffrant de blessures graves causées à l’arme blanche. Ils ont tous en commun d’avoir protesté contre l’action du ministre du Travail, Mervyn Silva, qui avait mené un coup de force dans les locaux et agressé le responsable de l’information de la SLRC, le 27 décembre 2007. Les hommes de main de ce ministre controversé sont soupçonnés d’être à l’origine des attaques. La dernière en date est celle d’Arunasiri Hettige, directeur adjoint des achats, frappé à coups de barre de fer, le 14 mars, à Colombo.
Le 17 mars, des représentants de la chaîne ont rencontré le chef de l’État pour discuter des mesures à prendre pour assurer la sécurité des employés. Les premiers ont demandé la démission du ministre Mervyn Silva et le paiement de compensations pour les journalistes blessés. Pendant la réunion, le chef de l’État a demandé au ministre de faire cesser les violences.
Par ailleurs, les domiciles à Colombo de deux journalistes reconnus, Sunethra Athugalpura du journal « Lakbima » et Sashi Kumara de la chaîne Sirasa TV, ont été cambriolés dans des circonstances mystérieuses, le 16 mars. Les assaillants ont saccagé leurs maisons. Sunethra Athugalpura avait récemment interviewé Mervyn Silva.