(JED/IFEX) – Un arrêté du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Mwenze Kongolo, daté du 7 mars 2000, réquisitionnant pour compte de l’État congolais la chaîne privée Radiotélévision Kin Malebo (RTKM), a été présenté, samedi 11 mars, aux journalistes et agents de la RTKM par le Directeur général de l’Office des biens mal […]
(JED/IFEX) – Un arrêté du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Mwenze Kongolo, daté du 7 mars 2000, réquisitionnant pour compte de l’État congolais la chaîne privée Radiotélévision Kin Malebo (RTKM), a été présenté, samedi 11 mars, aux journalistes et agents de la RTKM par le Directeur général de l’Office des biens mal acquis (OBMA) qu’accompagnaient une escouade d’éléments de la Police nationale congolaise et des inspecteurs du dit office.
Un inventaire des meubles et immeubles de RTKM a été effectué et des policiers ont été placés en garde tant devant les bureaux administratifs de Kinshasa/Gombe que devant la station d’émission de Kinshasa/Ngaliema. Toutefois, RTKM a continué à émettre normalement. Contacté, le ministre de l’Information et du Tourisme, Didier Mumengi, a minimisé les faits parlant d’un malentendu. Les raisons officielles de cette réquisition n’ont pas été donné. Si l’information se confirme, l’OBMA va nommer un chargé de mission pour gérer, pour compte de l’État, cette chaîne privée.
Le lundi 13 mars, le directeur général intérimaire de RTKM, Lumbana Kapasa, a affirmé à JED que son personnel « vit dans l’angoisse » depuis que le ministre Kongolo a pris la décision de prendre le contrôle de cette entreprise privée pour le compte de l’État. Des agents armés de la Police nationale congolaise sont toujours présents dans les locaux de RTKM.
RTKM est une chaîne de radio et de télévision appartenant à Aubain Ngongo Luwowo, plusieurs fois ministre de l’information de Mobutu qui est aujourd’hui en exil. Cette chaîne a toujours fait preuve de beaucoup d’indépendance dans le traitement de l’information. Sa réquisition va sonner le glas pour la liberté de la presse déjà mise en mal dans le secteur de l’audiovisuel.
L’OBMA est un office créé par le nouveau régime aux lendemains de sa prise du pouvoir. Il relève du ministre de la justice et est chargé de gérer les biens, dits « mal acquis », arrachés aux dignitaires du régime déchu du Maréchal Mobutu Sese Seko. Cet office est au centre d’une grande controverse quant à ses méthodes de réquisition des biens et à leur gestion. Sa dissolution a même été demandée par les participants aux travaux de la Consultation Nationale, qui se tient à Kinshasa.