(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières salue la décision de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), exigeant de la Gambie la libération du journaliste Chief Ebrima Manneh, porté disparu depuis son arrestation par la National Intelligence Agency (NIA, services de renseignements), le 7 juillet 2006. L’organisation exprime par […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières salue la décision de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), exigeant de la Gambie la libération du journaliste Chief Ebrima Manneh, porté disparu depuis son arrestation par la National Intelligence Agency (NIA, services de renseignements), le 7 juillet 2006.
L’organisation exprime par ailleurs sa révolte devant le comportement des autorités gambiennes dans cette affaire, notamment leur refus de collaborer avec la cour et leur probable inaction suite à l’arrêt historique qu’elle vient de rendre, le premier concernant un journaliste.
« Cette décision représente une victoire pour ceux qui luttent depuis des années contre l’impunité dont bénéficient les autorités gambiennes pour leurs violations répétées des droits humains. Il reste toutefois que nous avons les plus grandes craintes pour la vie de Chief Ebrima Manneh, l’une des nombreuses victimes d’un gouvernement brutal et intolérant. C’est pourquoi, dans ce cas précis, la victoire du droit risque d’être rapidement ternie par le mépris du président Yahya Jammeh pour la justice et par une macabre réalité », a déclaré l’organisation.
Le 5 juin 2008, la Cour de justice de la Cedeao a condamné la Gambie à libérer Chief Ebrima Manneh, journaliste du quotidien progouvernemental privé « The Daily Observer », arrêté à son bureau le 7 juillet 2006 et disparu depuis, ainsi qu’au versement de 100 000 $US (environ 63 000 euros) de dommages et intérêts. Le tribunal, basé à Abuja, avait été saisi par l’organisation régionale Media Foundation for West Africa (MFWA), basée à Accra, au Ghana.
En janvier 2007, le trihebdomadaire d’opposition « Foroyaa » avait révélé que Chief Ebrima Manneh était détenu au commissariat de Fatoto, une petite ville à 400 km à l’est de la capitale. Un témoin oculaire, présent à l’époque à l’intérieur de la prison Mile Two, a affirmé à Reporters sans frontières que le journaliste avait été transféré, en juillet 2007, dans un hôpital de Banjul alors qu’il se trouvait dans un très mauvais état de santé. Il n’a jamais été revu depuis cette date. Le témoin, dont le récit est crédible, affirme que le journaliste est mort en détention.
Chief Ebrima Manneh avait été arrêté pour une raison inconnue, peu après la clôture du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), qui s’était tenu à Banjul les 1er et 2 juillet 2006. Plusieurs arrestations avaient alors eu lieu au sein de la presse indépendante, accusée d’avoir perturbé l’événement.
Fondée en 1991, la Cour de justice de la Cedeao, composée de sept juges indépendants, peut être saisie depuis 2005 par chaque citoyen ressortissant de l’un des Etats membres de la communauté, en cas de violation des protocoles, décisions, traités ou conventions adoptés par celle-ci.
Mise à jour du cas Chief Ebrima Manneh: http://ifex.org/fr/content/view/full/91627