La Cour de la CEDEAO rejette l'objection du gouvernement gambien sur sa juridiction dans l'affaire du journaliste Musa Saidykhan, torturé par des militaires.
(MFWA/IFEX) – Le 30 juin 2009, la Cour de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui instruit l’affaire de torture instituée par Musa Saidykhan, un journaliste gambien, contre les agents de la redoutable Agence Nationale des Renseignements (NIA) de la Gambie, a rejeté les objections préliminaires formulées par le Gouvernement gambien, le défendeur dans cette affaire.
Selon la Cour Communautaire, Saidykhan est un ressortissant de l’Afrique de l’Ouest et la Cour est mandatée par le protocole de la CEDEAO d’entendre des causes de violations des droits humains dont elle est saisie.
Quant aux moyens de recours, le jury de trois membres a passé outre la prétention du gouvernement gambien selon laquelle le défendeur (Saidykhan) avait manqué d’épuiser les moyens de recours locaux, en faisant allusion au protocole de la Cour qui lui habilite à instruire des affaires dont elle est saisie par les ressortissants des Etats-membres, sans que ceux-ci soient contraints à épuiser les moyens de recours des tribunaux nationaux locaux.
En novembre 2007, la Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) a entamé des poursuites judiciaires au nom de Saidykhan afin de lui rendre justice et de procurer du soulagement à beaucoup d’autres journalistes qui ont subi le même sort et ont dû partir en exil de peur de faire l’objet de la répression. Pour Shola Egbeyinka, l’un des avocats de Saidykhan, la décision de la Cour renforce la liberté des médias et assurera la protection des journalistes au sein de la sous-région ouest-africaine.
Le gouvernement gambien, qui avait boycotté deux audiences précédentes de la Cour, a été représenté par Marie Saine-Firdaaus, le Procureur Général du pays.
Saidykhan, rédacteur en chef du journal « The Independent », une publication bimensuelle interdite, basée à Banjul, a été arrêté chez lui pendant la nuit du 27 mars 2006 par une force conjointe de militaires et de policiers qui l’ont conduit au quartier-général de la redoutable Agence Nationale des Renseignements. Il a été gardé au secret pendant 22 jours sans qu’aucune charge ne soit portée contre lui. Pendant cette période, il a été torturé jusqu’à ce qu’il perde connaissance. La torture continue qu’il a subie lui a infligé des cicatrices au dos, aux jambes, aux bras et à la main droite qui a été cassée en trois endroits.
La Cour a fixé le commencement du procès au 28 octobre 2009.