(JED/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de JED daté du 14 octobre 2003 : Kinshasa, le 14 octobre 2003 La Cour de Surêté de l’Etat maintient un journaliste en prison illégalement depuis 8 mois Bamporiki Chamira, journaliste au quotidien La Tempête des Tropiques, paraissant à Kinshasa, arrêté depuis le 14 février 2003 à son […]
(JED/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de JED daté du 14 octobre 2003 :
Kinshasa, le 14 octobre 2003
La Cour de Surêté de l’Etat maintient un journaliste en prison illégalement depuis 8 mois
Bamporiki Chamira, journaliste au quotidien La Tempête des Tropiques, paraissant à Kinshasa, arrêté depuis le 14 février 2003 à son domicile à Kinshasa/Ngaliema par des agents de l’ANR (Agence nationale des renseignements), est toujours détenu au CPRK (Centre Pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, ex-Prison centrale de Makala).
Le journaliste est accusé, officiellement, de « participation directe ou indirecte à un complot visant à éliminer le président Joseph Kabila et participation directe ou indirecte à l’évasion du commandant Doris Mbenge du cachot de l’ANR/Lemera ». La fille Bamporiki – en fuite à ce jour – aurait facilité l’évasion, debut 2003, de son mari, un certain commandant Doris Mbenge, arrêté en octobre 2002. Selon la Cour de Sûreté de l’Etat (CSE), lors de la perquisition menée par l’ANR au domicile de Bamporiki, le 14 février 2003 dans l’après-midi, des « documents accablants », non autrement identifiés, auraient été découverts.
Après 40 jours de détention dans les cachots de l’ANR/Intérieur à Kinshasa/Gombe, Bamporiki et ses co-accusés ont été déférés, le mardi 25 mars 2003 en début d’après-midi, devant la CSE à Kinshasa/Lingwala. Le procès Bamporiki s’est ouvert le mardi 17 juin 2003 devant la CSE, présidée par le premier président Mbo Lumpungu.
Au cours de l’instruction, la défense du journaliste, assurée par Me Dieudonnée Diku, avait demandé au ministère public de donner les faits qui démontrent à suffisance que le journaliste participait à un complot. En guise de réponse, le ministère public avait dit que le journaliste était en communication téléphonique, le jour de l’évasion du commandant Doris à 1h00 du matin, avec sa fille qui se trouve être l’épouse du commandant Doris Mbenge. Au cours de cette conversation téléphonique, assure le ministère public, le journaliste aurait demandé à sa fille « comment évoluait l’opération ». Le journaliste avait reconnu avoir été, ce jour-là, en conversation routinière avec sa fille mais qu’il n’a jamais été question d’une quelconque opération. La défense du journaliste avait estimé que l’aveu du ministère public supposait que le téléphone du journaliste était sur écoute et par conséquent, il était possible d’empêcher l’évasion du commandant Doris.
L’affaire avait été prise en délibéré à l’issue de l’audience du 24 juin 2003. Près de 4 mois après, la CSE n’a toujours pas rendu son jugement, en violation flagrante de l’article 80 du Code de procédure pénale qui stipule qu’en matière pénale, le verdict doit intervenir dans la huitaine.
Bamporiki est poursuivi avec quatre membres de sa famille dont une femme et un étudiant. Il s’agit de : Nyamwoga Munyerenkana Florence, Ngabo Bamporiki Raymond, Sankina Bigabwa Rony et Munganga Mutambwe Roger.
De ce qui précède, JED constate que :
– Le journaliste Bamporiki Chamira est à son 8ème mois de détention entachée de plusieurs irrégularités dénoncées en son temps ;
– La CSE a violé l’article 80 du code de procédure pénale qui impose un délai de 8 jours, à dater de la prise de l’affaire en délibéré, pour prononcer le verdict ;
– La demande de grâce introduite par les responsables des médias et JED, le 5 mai 2003, auprès du chef de l’Etat via l’ancien ministre de la Justice, M. Ngele Masudi, est restée sans suite alors que les seigneurs de guerre qui continuent à endeuiller la République se prélassent librement et impunément à Kinshasa.
Eu égard aux constats ci-dessus, JED renouvelle la demande de grâce introduite depuis le mois de mai 2003 et demande au président Joseph Kabila, en sa qualité de Magistrat Suprême, de corriger toutes les irrégularités qui entourent cette affaire jusqu’à jour, et d’ordonner la libération, pure et simple, du journaliste Bamporiki Chamira et de ses co-accusés.
Tshivis T. Tshivuadi
Secrétaire général
D. M’Baya Tshimanga
Président