"Nous assistons à des niveaux sans précédent de poursuites pénales contre les journalistes dans de nombreux pays", a déclaré la FIJ. L'organisation a appelé à l'abrogation de la loi sur la diffamation criminelle ainsi qu'à la réexamination des lois anti-terroristes.
(FIJ/IFEX) – 2 mai 2012 – La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et ses syndicats membres souhaitent marquer la Journée mondiale de la liberté de la presse cette année en appelant à la libération des journalistes détenus pour leurs activités professionnelles. La FIJ estime que la réforme de la loi pénale sur la diffamation et de la législation antiterroriste est urgente car elles représentent la majorité des cas de détention des journalistes.
« Nous assistons à des niveaux sans précédent de poursuites pénales contre les journalistes dans de nombreux pays », a déclaré le Président de la FIJ, Jim Boumelha. « C’est l’une des pires formes de censure auxquelles les médias sont confrontés. Les gouvernements doivent abroger la loi sur la diffamation criminelle et réexaminer les lois anti-terroristes qui représentent un obstacle majeur à une véritable liberté de la presse ».
Plus de 150 journalistes sont actuellement en prison dans le monde entier, certains ayant été détenus pendant des années sans procès. En Chine, plus de 20 journalistes ont été arrêtés, les autorités poursuivant leurs tentatives de contrôler et de censurer l’information indépendante.
En Érythrée, au moins 25 journalistes ont été détenus sans jamais avoir été accusés de la moindre infraction criminelle. Certains d’entre eux ont passé plus d’une décennie en prison en raison de la volonté du gouvernement de supprimer l’indépendance des médias dans le pays.
Sept journalistes sont supposés être détenus en Ethiopie, dont deux journalistes suédois, Martin Schibbye et Johan Persson, qui ont été condamnés sur base d’accusations de terrorisme.
En Iran, l’organisation membre de la FIJ, l’Association des journalistes iraniens (AoIJ), estime que 30 journalistes restent derrière les barreaux après la répression des médias dans la foulée de l’élection présidentielle contestée de juin 2009. La Turquie, quant à elle, détient le record de journalistes détenus avec plus de 100 d’entre eux en prison, sur base d’accusations liées au terrorisme.
Les journalistes font souvent face à une justice sommaire, y compris au refus d’une procédure et d’une justice équitables. La Fédération estime que la détention du journaliste yéménite Abdel Hadi Al Shaye constitue un bon exemple. Al Shaye a été gracié par l’ancien président Ali Abdallah Saleh, mais est maintenu derrière les barreaux pour purger ses trois ans de prison à la demande de l’administration des États-Unis pour ses liens présumés avec Al-Qaïda.
La FIJ se félicite de la récente libération de tous les journalistes détenus en Birmanie, mais avertit que pour beaucoup de leurs collègues dans le monde, la Journée mondiale de la liberté de la presse sonne creux, leurs droits étant systématiquement ignorés et leurs libertés violées.
« Les gouvernements devraient cesser de faire semblant de s’intéresser à la liberté de la presse et s’engager à respecter leurs obligations internationales, y compris l’application des droits des journalistes », a ajouté Beth Costa, Secrétaire Générale de la FIJ. « À cet égard, ils devraient faire de la libération de tous les journalistes détenus leur priorité absolue. »