"Les journalistes en Tunisie ont raison de montrer leur solidarité avec leurs concitoyens et de s'opposer à la répression violente du droit du peuple d'exprimer ses préoccupations légitimes", a déclaré la FIJ.
(FIJ/IFEX) – Le 12 janvier 2011 – La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a appuyé la décision prise par des membres du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), affilié à la FIJ, de recourir à la grève afin de protester contre les tentatives de censurer la couverture médiatique des émeutes contre la corruption et le chômage qui ont commencé il y a un mois et ont fait au moins 21 morts jusqu’à présent.
« Les journalistes en Tunisie ont raison de montrer leur solidarité avec leurs concitoyens et de s’opposer à la répression violente du droit du peuple d’exprimer ses préoccupations légitimes », a déclaré Aidan White, Secrétaire Général de la FIJ. « La répression des médias par le gouvernement n’a pas fait taire les manifestations contre la corruption, et la crise du chômage souligne à quel point le régime actuel est déconnecté de la réalité (du pays) qu’il gouverne. »
Les journalistes tunisiens étaient en grève hier 11 janvier à Tunis pour protester contre les tactiques musclées utilisées par les forces de sécurité afin de réprimer les manifestations anti-gouvernementales à travers le pays. Le siège du SNJT était encerclé par un déploiement massif de la police.
Les troubles qui se sont propagés dans plusieurs villes du pays, notamment à Tunis, ont été déclenchés par le suicide de Mohamed Bouazizi, un diplômé au chômage, qui s’est immolé le 17 décembre dans la ville de Sidi Bouzid, au sud-est de la capitale Tunis. Son geste désespéré a fait suite à l’interdiction par les autorités de le laisser vendre des légumes sans permis. Selon la presse, la police a tiré avec des balles réelles sur des manifestants.
Pour la FIJ, les troubles actuels montrent que les tentatives du gouvernement d’empêcher les médias de couvrir la colère populaire à l’égard de la corruption et la cupidité de l’élite au pouvoir dans le pays, ont échoué. La FIJ a par ailleurs lancé une campagne pour la libération du journaliste Fahem Boukadous, un correspondant de la chaîne satellitaire Dialogue Tunisien, qui purge une peine de prison de quatre ans pour avoir couvert les manifestations contre le chômage et la corruption dans la ville minière de Gafsa en 2008.
Dans un communiqué daté du 28 décembre 2010, le SNJT a dénoncé « l’exclusion des journalistes des zones de tension, les obstacles qui leur sont opposés et les attaques contre certains d’entre eux, lors de l’exercice de leur travail ».
« L’image du régime, celle d’un gouvernement modéré et réformiste est une imposture qui a été dénoncée par l’action courageuse des journalistes», a ajouté White. « Nous soutenons nos collègues dans leur demande de respect des droits de l’homme et nous appelons les autorités à libérer de Fahem et tous ses collègues en détention. »