(RSF/IFEX) – RSF et le réseau Damoclès expriment leur vive inquiétude quant aux conditions troublantes du décès de la fille de Lira Baisetova, rédactrice en chef de l’hebdomadaire d’opposition « Respublika ». « Les circonstances dans lesquelles la fille de Baisetova est décédée et la fréquence des attaques violentes contre la journaliste sèment le doute quant à la […]
(RSF/IFEX) – RSF et le réseau Damoclès expriment leur vive inquiétude quant aux conditions troublantes du décès de la fille de Lira Baisetova, rédactrice en chef de l’hebdomadaire d’opposition « Respublika ».
« Les circonstances dans lesquelles la fille de Baisetova est décédée et la fréquence des attaques violentes contre la journaliste sèment le doute quant à la nature accidentelle de ce décès », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation dans un courrier adressé au ministre de l’Intérieur, Kaïrbek Souleimenov. « RSF et le réseau Damoclès s’interrogent sur les liens entre cette tragédie et les activités professionnelles de Lira Baisetova, et en particulier ses récents articles sur les comptes bancaires en Suisse de hauts fonctionnaires kazakhs. Nous vous demandons de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de Lira Baisetova, et nous vous tiendrons responsable de tout ce qui pourrait lui arriver », a ajouté Ménard.
D’après les informations recueillies par RSF, la fille de Baisetova, Leïla, aurait disparu le 23 mai 2002. Le jour même, la journaliste aurait reçu un appel de menaces d’un homme qui l’avait déjà provoquée deux mois auparavant. Celui-ci lui aurait dit « Je t’avais pourtant prévenue, mais comme tu n’a rien voulu comprendre et que tu continues… » Le 16 juin, un homme se présentant comme un membre du ministère de l’Intérieur aurait dit à la journaliste que la jeune femme avait été arrêtée pour détention de narcotiques (1,6 gramme d’héroïne), et plus tard, qu’elle avait été transportée à l’hôpital, parce qu’elle s’était sentie mal. Empêchée de voir sa fille à l’hôpital, Baisetova a appris le 21 juin dernier que sa fille était décédée. D’après la journaliste, le corps de sa fille portait des marques de torture.
Les pressions se sont multipliées sur l’entourage professionnel de Baisetova depuis qu’elle a réalisé, le 10 mai, une interview de Bernard Bertossa, procureur général de Genève, au sujet des comptes en Suisse que possèdent certains hauts fonctionnaires kazakhes, dont le président de la République Noursultan Nazarbaiev. Une semaine après, le cadavre d’un chien décapité avait été suspendu devant l’entrée du journal d’opposition « Soldat » dans lequel elle s’apprêtait à publier l’interview. Le jour de la publication, le 22 mai, des inconnus avaient attaqué le siège de la publication. Deux employés du journal avaient été frappés, du matériel informatique avait été volé et d’autres équipements saccagés. Le même jour, les locaux de la rédaction de l’hebdomadaire « Respublika » à Almaty avaient été détruits par le feu, après une attaque des bâtiments aux cocktails Molotov (consulter des alertes de l’IFEX des 27 et 23 mai 2002).
RSF rappelle que le journal « Respublika » est régulièrement l’objet de menaces pour ses enquêtes sur la corruption dans la classe politique. Sa rédactrice en chef, Baiseitova, a été agressée à deux reprises en 2000 et 2001. Le journal « Soldat », proche du parti d’opposition de l’ancien Premier ministre Kajegueldine en exil, a également été la cible ces deux dernières années de nombreux actes d’intimidation et d’attaques de ses locaux. Son rédacteur en chef, Ermurat Bapi, a été traduit en justice, en 2000, pour la publication d’un article jugé diffamatoire à l’égard du président Nazarbaiev (consulter des alertes de l’IFEX du 18 avril et 14 mars 2001 et 8 août 2000).