(FPJQ/IFEX) – La FPJQ déplore la suspension du journaliste Normand Lester par la direction de Radio-Canada et demande sa réintégration pendant que son cas sera soumis à l’ombudsman de l’entreprise. Dans ses activités à Radio-Canada, Lester couvre les affaires internationales. Radio-Canada soutient que le journaliste a manqué à son devoir de réserve en prenant position […]
(FPJQ/IFEX) – La FPJQ déplore la suspension du journaliste Normand Lester par la direction de Radio-Canada et demande sa réintégration pendant que son cas sera soumis à l’ombudsman de l’entreprise. Dans ses activités à Radio-Canada, Lester couvre les affaires internationales. Radio-Canada soutient que le journaliste a manqué à son devoir de réserve en prenant position sur un sujet controversé, l’histoire du Canada. La FPJQ ne veut pas intervenir dans le domaine des relations de travail, qui n’est pas de son ressort, mais elle veut soulever de graves questions sur la liberté d’expression.
« Le Livre noir du Canada anglais » de Lester prend le contre-pied des Minutes du Patrimoine, ces capsules historiques qui ont été diffusées à Radio-Canada et qui étaient financées de façon occulte par le Bureau d’information du Canada. Elles visaient à renforcer l’attachement des Canadiens à leur pays et à son histoire et elles ont été perçues par certains comme une opération de relations publiques.
Le livre de Lester énonce un certain nombre d’autres faits historiques, moins glorieux que ceux des Minutes du Patrimoine. Il ne s’agit pas d’une attaque contre Radio-Canada mais d’un geste démocratique. La FPJQ ne se prononce pas sur la valeur historique des Minutes du Patrimoine ni sur celle du livre, mais elle tient à affirmer que l’histoire n’appartient à personne et que tous ont le droit de l’étudier, de l’analyser, de la commenter et de l’interpréter. Cela fait partie du débat public.
La politique journalistique de Radio-Canada fixe de très hauts standards journalistiques mais elle ne saurait être interprétée de manière à interdire à un de ses journalistes de publier un livre, fut-il controversé. Les journalistes peuvent participer au débat public et ils le font déjà abondamment, notamment en étant invités sur toutes sortes de tribunes médiatiques et lors de congrès comme celui de la FPJQ.
S’il est généralement admis qu’un journaliste doive manifester un devoir de réserve au sujet des secteurs qu’il couvre, s’il est admis qu’il doive éviter les conflits d’intérêts, notamment l’engagement politique partisan, la FPJQ ne peut que constater dans ce cas-ci que le journaliste Lester ne couvre pas l’actualité constitutionnelle canadienne et que son livre ne livre pas un message politique partisan.
La FPJQ reconnaît le bien fondé des politiques journalistiques que se donnent les médias, mais elle ne les place pas au-dessus de l’exercice de la liberté d’expression. Jusqu’où un journaliste peut-il aller dans l’expression de ses opinions est une des principales questions qui devra être étudiée par l’ombudsman de Radio-Canada et discutée par les journalistes.