(RSF/IFEX) – Une cour administrative du Conseil d’Etat a validé la décision du ministère de l’Information et de la Communication en décidant mi-juin 2006 que les autorités pouvaient bloquer, suspendre ou fermer tout site Internet susceptible de représenter une menace pour la « sécurité nationale ». Le juge en charge de cette affaire, Farouq Abdul-Qader, a même […]
(RSF/IFEX) – Une cour administrative du Conseil d’Etat a validé la décision du ministère de l’Information et de la Communication en décidant mi-juin 2006 que les autorités pouvaient bloquer, suspendre ou fermer tout site Internet susceptible de représenter une menace pour la « sécurité nationale ». Le juge en charge de cette affaire, Farouq Abdul-Qader, a même invité le Parlement à légiférer sur la question dès que possible.
« Il est intolérable que les services gouvernementaux soient habilités à fermer un site de leur propre initiative. Nous considérons que seul un juge devrait être en mesure de prendre ce type de décision. L’arrêt rendu par le Conseil d’Etat égyptien représente un dangereux précédent puisqu’il risque de faire jurisprudence. Cette complicité entre la justice et le gouvernement ne présage rien de bon pour la liberté d’expression sur Internet en Egypte. Nous nous opposerons à toute loi qui entérinerait la décision du juge Farouq Abul-Qader », a déclaré Reporters sans frontières.
Le journaliste responsable du site Al-Methaq Al-Araby ( http://www.almethaqalaraby.net/ ) avait porté plainte contre le ministère de l’Information et de la Communication en accusant celui-ci d’avoir fait pression sur son hébergeur afin de fermer son site au motif qu’il porterait atteinte à la sécurité nationale. En effet, aucune loi ne permet aux services gouvernementaux d’exiger ainsi d’un hébergeur qu’il bloque, suspende ou ferme un site Internet. Al-Methaq Al-Araby publiait des essais très critiques du gouvernement égyptien, dénonçant notamment des affaires de corruption.
Le juge Farouq Abdul-Qader a malgré tout apporté son soutien au gouvernement et a estimé que les autorités devaient « prendre leurs responsabilités » lorsqu’elles jugent que la sécurité nationale est menacée. Il a donc ordonné la fermeture immédiate d’Al-Methaq Al-Araby, tout en demandant aux parlementaires d’adopter une loi qui donnerait carte blanche aux autorités pour fermer tout site Internet jugé nuisible.
Reporters sans frontières rappelle que deux bloggers, Mohamed Sharkawy et Karim El-Shaer, sont actuellement détenus en Egypte (consulter des alertes de l’IFEX des 23 et 16 juin, 31 et 26 mai 2006). Alaa Abd El-Fatah, le coauteur de Manal and Alaa’s Bit Bucket ( http://www.manalaa.net/ ), a quant à lui été libéré le 22 juin après 45 jours de détention (consulter des alertes du 23 juin et 10 mai 2006).