(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 25 novembre 2002 : La liberté de la presse victime de l’Etat de non-droit Après les assassinats et les disparitions des « années noires », les journalistes algériens – et tout particulièrement les correspondants locaux – sont aujourd’hui victimes des menaces et des intimidations de notables […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 25 novembre 2002 :
La liberté de la presse victime de l’Etat de non-droit
Après les assassinats et les disparitions des « années noires », les journalistes algériens – et tout particulièrement les correspondants locaux – sont aujourd’hui victimes des menaces et des intimidations de notables locaux, d’affairistes et de certains « délégués » des Aârchs à la tête de la révolte en Kabylie. Des pressions qui peuvent conduire parfois au pire, comme on vient de le voir avec la mort de Abdelhaï Beliardouh, qui a mis fin à ses jours après avoir été agressé par un responsable d’une chambre de commerce.
C’est l’une des facettes des exactions auxquelles doivent faire face les journalistes algériens que met en lumière le rapport rendu public par Reporters sans frontières à la suite d’une mission menée en Algérie à la fin du mois d’octobre. Mais, comme il le recense, d’autres menaces existent : les « sujets tabous » – les affaires de violation des droits de l’homme, le poids des généraux au sein du pouvoir, etc. – peuvent par exemple valoir aux journalistes qui les abordent de graves ennuis.
L’impunité reste la règle, rappelle Reporters sans frontières, notamment dans les affaires de disparitions de journalistes. Cinq d’entre eux ont « disparu » entre 1994 et 1997. Alors que l’organisation avait conclu, lors d’une précédente mission d’enquête, en janvier 2001, à l’enlèvement de trois d’entre eux par les forces de sécurité, les enquêtes n’ont nullement progressé.
Le rapport dénonce également la véritable épée de Damoclès dont disposent les autorités pour faire pression sur la presse, avec l’adoption d’un amendement du code pénal qui prévoit notamment des peines de deux à douze mois de prison contre toute « atteinte au président de la République en termes contenant l’injure, l’insulte ou la diffamation » pour reprendre les termes exacts du nouvel article. Un projet de loi sur l’information, présenté par le ministre de la Communication, constitue, quant à lui, un autre moyen pour tenter de bâillonner la presse.
En conclusion, Reporters sans frontières recommande notamment aux autorités algériennes l’ouverture d’enquêtes sérieuses sur les disparitions, les assassinats et les agressions de journalistes, ainsi que la modification du code pénal en supprimant, entre autres, les peines de prison pour les délits de presse. Par ailleurs, l’organisation suggère à l’Union européenne d’intervenir auprès des autorités algériennes pour qu’elles respectent enfin l’article 2 relatif au respect des droits de l’homme de l’accord d’Association signé entre Alger et Bruxelles.
L’intégralité du rapport de mission de Reporters sans frontières est consultable sur le site de l’organisation : www.rsf.org.