(RSF/IFEX) – RSF est préoccupé par certaines dérives intervenues lors d’une large opération des forces de sécurité contre les milieux extrémistes, et notamment des publications de Karachi. L’organisation réitère sa plus grande condamnation des appels à la violence et à la haine raciale colportés dans certains publications pakistanaises. Pour autant, il est inacceptable que des […]
(RSF/IFEX) – RSF est préoccupé par certaines dérives intervenues lors d’une large opération des forces de sécurité contre les milieux extrémistes, et notamment des publications de Karachi.
L’organisation réitère sa plus grande condamnation des appels à la violence et à la haine raciale colportés dans certains publications pakistanaises. Pour autant, il est inacceptable que des journalistes soient détenus en vertu de lois rétrogrades et que les descentes de police se multiplient dans les rédactions. « La crédibilité de la politique anti-terroriste du général-président Pervez Musharraf se mesurera à sa capacité à respecter la loi et à ne pas en profiter pour faire taire ses opposants », a affirmé RSF.
Le 19 juillet 2005, la police de la province du Sindh (Sud) a perquisitionné les locaux d’aux moins quatre publications de Karachi : les hebdomadaires « Friday Special », « Wujood », « Ghazi » et le quotidien « Ummat ».
Au moins deux journalistes sont actuellement détenus par la police. Abdul Lateef Abu Shamil, directeur adjoint du « Friday Special » (complément du quotidien en ourdou « Jasarat », proche du parti fondamentaliste Jamaat-e-Islami), a été placé en détention en vertu des articles 153 (A) et 34 du code pénal pakistanais. Le directeur de l’hebdomadaire est recherché par la police. Mohammed Tahir, directeur de « Wajood », a également été maintenu en détention jusqu’au 2 août. Deux confrères, Ali Ataf et Zakirullah, sont en fuite.
Le 16 juillet, Nasir Ali Jahangir et Saleem Qadri de l’hebdomadaire extrémiste « Zarab-e-Islam » avaient été arrêtés par la police à Karachi. Ils ont été inculpés d’incitation à la haine religieuse. La police a également arrêté des vendeurs d’un autre hebdomadaire extrémiste, « Zarb-e-Momin », qui a été interdit de diffusion. Ces deux publications sont connues pour soutenir ouvertement les groupes djihadistes.
Ces arrestations et descentes de police ont été condamnées par le Conseil des éditeurs de presse du Pakistan (CPNE) et l’Union fédérale des journalistes du Pakistan (PFUJ). « Pourquoi interdire maintenant ces publications alors qu’elles ont été en circulation depuis des années ? », s’interroge la PFUJ.
Ces arrestations interviennent dans le cadre d’une vague d’arrestations de militants djihadistes dans tout le Pakistan. Plus de deux cents personnes ont été arrêtées et des dizaines d’écoles religieuses ont été placées sous contrôle. Le général-président Musharraf a justifié, lors d’un discours à la Nation en date du 21 juillet, ces opérations par la nécessité de lutter contre le terrorisme international. Le chef de l’Etat a confirmé l’interdiction de tout « matériel de haine » incluant cassettes, publications et vidéos.