La MFWA se félicite de la deuxième journée des marches « Arise Ghana » relativement plus pacifique et ordonnée que la première. Cependant, cela ne devrait pas occulter les scènes désagréables de cette dernière ni la nécessité d’amener les deux parties à rendre des comptes.
Cet article a été initialement publié sur mfwa.org le 30 juin 2022.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne les différents actes de violence qui ont entaché la manifestation anti-gouvernementale du 28 juin 2022 à Accra et exige un bilan complet des événements afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent.
Un groupe de pression politique, « Arise Ghana », a appelé les Ghanéens à descendre dans les rues pour une manifestation de deux jours visant à dénoncer les difficultés économiques, la corruption perçue et les priorités mal placées de la part du gouvernement. Cependant, la manifestation a tourné au vinaigre, et s’est terminée dans la violence, avec la police utilisant des gaz lacrymogènes et tirant des coups de semonce pour disperser les manifestants, dont certains ont également jeté des pierres sur les agents des forces de l’ordre. Des images télévisées ont montré un certain nombre de manifestants blessés, tandis que le service de police a également présenté quelques-uns de ses agents qui ont été blessés. Une douzaine de policiers ont été envoyés à l’hôpital de la police pour y être soignés pour diverses blessures, selon la police. Cette dernière a également annoncé avoir arrêté un manifestant qui brandissait un pistolet. Elle a ensuite publié un communiqué dans lequel elle a déclaré que 29 manifestants avaient été arrêtés pour diverses infractions à la l’article 3 de la loi ghanéenne sur l’ordre public (491).
Les organisateurs, quant à eux, accusent le gouvernement d’avoir placé des agents provocateurs au milieu des manifestants pour créer des troubles et fournir un prétexte à la répression. Lors d’une conférence de presse tenue plus tard dans la journée, les organisateurs ont déclaré qu’ils n’avaient prévu aucune violence et qu’aucun manifestant n’était armé.
« Nous n’y sommes pas allés avec des bâtons, ni avec des pierres », a déclaré Sammy Gyamfi, directeur de communication du National Democratic Congress, parti d’opposition, et figure de proue des manifestations « Arise Ghana. »
Quoi qu’il en soit, la MFWA trouve ces actes violents déplaisants et inciviques. La mêlée, qui, heureusement, ne s’est pas répétée le deuxième jour des manifestations est attribuable à l’échec de leadership et de vigilance de la part des organisateurs.
Les organisateurs de « Arise Ghana » avaient auparavant prévu de mettre en place un piquet de grève devant la Jubilee House, le siège du gouvernement. Ils avaient également prévu que la marche se poursuive jusqu’à tard dans la nuit, mais la police a contrecarré leurs plans.
En effet, les forces de l’ordre ont finalement obtenu un jugement du tribunal de première instance d’Accra ordonnant aux manifestants de commencer leur marche à Obra Spot et de l’arrêter à l’Independence Square, deux des sites populaires de la capitale. Le tribunal a également rejeté l’idée de terminer la manifestation tard dans la nuit.
La MFWA se félicite de la deuxième journée des marches « Arise Ghana » relativement plus pacifique et ordonnée que la première. Cependant, cela ne devrait pas occulter les scènes désagréables de cette dernière ni la nécessité d’amener les deux parties à rendre des comptes. Les manifestants ont peut-être dépassé les bornes, mais la réponse de la police n’était quant à elle, pas convaincante. Nous faisons donc appel aux organisateurs pour qu’ils prennent les précautions nécessaires pour prévenir les excès de la part des manifestants à l’avenir. Nous exhortons également la police à ne pas laisser les griefs personnels influencer leur manière de traiter les manifestants qui ont été arrêtés, mais plutôt à s’assurer que les droits des détenus sont respectés. Enfin, nous demandons un bilan complet de la manifestation afin d’établir les causes du chaos qui a dominé les manifestations.