La Maison de la presse a publié une déclaration dans laquelle elle exprime son inquiétude quant aux menaces pesant sur la liberté de la presse et la sécurité des journalistes de la part des autorités et d’acteurs non étatiques.
Cet article a été initialement publié sur mfwa.org le 9 août 2023.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) déplore les atteintes répétées à la liberté de la presse au Niger au cours des deux dernières semaines et exhorte le nouveau gouvernement militaire à adopter des mesures nécessaires afin de protéger les médias et l’espace civique nigérien.
Dans son dernier acte de répression en date du 3 août 2023, la junte a suspendu la diffusion dans le pays de deux médias français, France 24 et RFI, couronnant ainsi deux semaines d’attaques débridées contre les médias dans le pays. Les deux chaînes sont des filiales de France Médias Monde, qui appartient au gouvernement français.
L’accès aux deux chaînes a été bloqué le 3 août, une semaine exactement après le coup d’État du 26 juillet qui a entraîné la chute du président élu Mohamed Bazoum, perçu comme un proche de la France.
Le 30 juillet 2023, des partisans fanatiques du coup d’État ont malmené et menacé Anne-Fleur Lespiaut, journaliste de la chaîne française TV5 Monde. Stanislas Poyet, correspondant du journal français Le Figaro, a également reçu des menaces. Les deux journalistes ont été menacés alors qu’ils couvraient un défilé de soutien aux nouveaux dirigeants militaires.
Le 28 juillet, des individus non identifiés ont également attaqué le personnel de la radio Anfani et harcelé un membre de l’équipe de Bonferey TV, deux médias privés. L’incident s’est produit lors d’une conférence de presse au siège du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), le parti du président déchu Mohamed Bazoum. La caméra du journaliste de Bonferey TV a été endommagée dans la mêlée.
Moustapha Zongoma, le Directeur de Bonferey TV, a toutefois confié à la MFWA que Souleymane Ousmane, le journaliste de la chaîne qui a été harcelé, était en costume et ne montrait aucun signe distinctif de sa qualité de journaliste.
« Il n’était pas facilement identifiable en tant que journaliste. Les voyous ne l’ont donc peut-être pas pris pour cible en raison de son travail », a déclaré M. Zongoma.
La Maison de la presse, qui regroupe les professionnels des médias au Niger, a publié une déclaration à Niamey dans laquelle elle exprime son inquiétude quant aux menaces pesant sur la liberté de la presse et la sécurité des journalistes de la part des autorités et d’acteurs non étatiques.
Le 26 juillet, soit le jour du coup d’État, des soldats ont investi au moins cinq organes de presse et y sont restés pendant des heures avant de quitter les lieux. Les médias concernés sont Bonferey TV, Niger 24, la radio Anfani, Radio-Télévision Ténéré et Dounia TV.
« Ils ont dit être venus assurer notre sécurité et ont posté deux soldats à la régie et un devant mon bureau », a déclaré Moustapha Zongoma, le directeur de Bonferey TV, lors d’une conversation téléphonique avec la MFWA. Il a également ajouté que bien que les officiers militaires ne se soient pas montrés violents, il était certain qu’ils étaient venus pour qu’aucune émission anti-coup d’État ne soit diffusée.
La MFWA se joint à la fraternité des médias au Niger et en Afrique de l’Ouest pour condamner les attaques contre les médias au Niger. Les débuts répressifs du régime de la junte font craindre pour la liberté de la presse et l’espace civique dans le pays. Nous appelons la junte à permettre à RFI et France 24 de reprendre leurs émissions, au bénéfice des millions de téléspectateurs dont les droits à l’information sont bafoués par cette suspension. Nous exhortons également les autorités à dissuader leurs partisans, les forces de défense et de sécurité et toute personne malveillante de harceler ou d’attaquer les médias.