(MFWA/IFEX) – La Cour Communautaire de Justice de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) basée à Abuja, au Nigéria a donné un avis d’audition du procès intenté contre la République de la Gambie par la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) au nom du journaliste gambien « disparu », Chief Ebrima […]
(MFWA/IFEX) – La Cour Communautaire de Justice de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) basée à Abuja, au Nigéria a donné un avis d’audition du procès intenté contre la République de la Gambie par la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) au nom du journaliste gambien « disparu », Chief Ebrima Manneh, reporter au « Daily Observer », un journal progouvernemental basé à Banjul.
Cette action fait suite à la demande déposée au nom du journaliste par la MFWA, à travers son programme de défense juridique destiné aux journalistes. Elle demande à la Cour sous-régionale de donner une injonction qui pourrait contraindre le gouvernement du Président Yahya Jammeh à libérer immédiatement Chief Manneh et à le dédommager de manière adéquate.
La Cour a fixé l’audition au 10 juillet 2007. Cette date coïncide avec la veille de l’anniversaire de l’arrestation et de l’incarcération de Manneh. Certains collègues de Manneh ont été témoins de son arrestation par deux agents en tenue civile de la redoutable Agence Nationale des Renseignements (NIA) autour des locaux du « Daily Observer », le 11 juillet 2006. Toutefois, le gouvernement et la police prétendent qu’ils ne savent pas où se trouve Manneh. Il a simplement disparu.
Selon l’acte judiciaire déposé par l’avocat nigérian des droits humains Femi Falana, un membre du Réseau de défense juridique de la MFWA, l’arrestation de Manneh et son incarcération constituent des actes illégaux et une violation de ses droits garantis par les articles 4, 5 et 7 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui garantit son droit à la liberté personnelle.
Le gouvernement gambien a rejeté de manière flagrante plusieurs requêtes des structures de défense des droits humains lui demandant de libérer Manneh ou de le poursuivre en justice s’il a commis une infraction quelconque.
En réaction aux demandes continues de la libération de Manneh, la police gambienne a, le 21 février 2007, soit huit mois après la disparition du journaliste, officiellement nié l’avoir jamais arrêté et exhorté le public à lui fournir toute information « pertinente » le concernant.
Les sources de la MFWA ont déjà indiqué qu’après son arrestation, Manneh a été successivement détenu au Quartier Général de la NIA, à la prison centrale de Mile Two ainsi qu’aux postes de police de Kartong, de Sibanor et de Kauntaur. Ensuite, il a été envoyé au poste de police de Fatoto où il a été aperçu pour la première fois, après avoir été gardé au secret pendant 188 jours.
Les professionnels des médias de la Gambie ont fait l’objet d’arrestations, de détentions, d’assassinats et de fermetures illégales de leurs locaux. Ceci a obligé plusieurs d’entre eux à partir en exil. Ceux qui sont restés s’autocensurent pour se protéger.
La MFWA et le Réseau des Organisations de Défense de la Liberté d’Expression (NAFEO) ont lancé une campagne en vue de mettre fin à l’impunité et aux agressions perpétrées contre la liberté d’expression en Gambie et ont publié un dossier de 63 pages sur les abus de la liberté de presse depuis que le Président Jammeh est parvenu au pouvoir en 1994.
La MFWA est une organisation régionale, indépendante, non gouvernementale à but non lucratif basée à Accra. Elle a été fondée en 1997 pour défendre et promouvoir les droits et libertés des médias ainsi que toute forme d’expression.