(UJAO/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de l’UJIT daté du 22 avril 2000: La presse privée togolaise en état de siège : Un directeur de publication arrêté et emprisonné, deux autres traqués, des publications saisies 1. Le jeudi 13 avril 2000, tous les exemplaires de la livraison numéro 27 de l’hebdomadaire « l’Exilé » ont été […]
(UJAO/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de l’UJIT daté du 22 avril 2000:
La presse privée togolaise en état de siège : Un directeur de publication arrêté et emprisonné, deux autres traqués, des publications saisies
1. Le jeudi 13 avril 2000, tous les exemplaires de la livraison numéro 27 de l’hebdomadaire « l’Exilé » ont été saisis par des éléments des renseignements généraux de la gendarmerie nationale. Le lendemain vendredi 14 avril 2000, le Directeur dudit journal, M. Hippolyte Agboh a été arrêté et incarcéré à la prison civile de Lomé.
Il est reproché à l’hebdomadaire et à son directeur d’avoir publié « une fausse information » selon laquelle une fille du chef de l’Etat, le général Eyadèma, serait morte dans un accident de la circulation. Le journal a été saisi avant même d’être distribué.
Sans nous prononcer sur le fond de l’article incriminé, l’UJIT fait les remarques suivantes:
– Il n’est pas normal d’évoquer la publication de fausses nouvelles du moment que le journal accusé n’est ni distribué ni vendu.
– La détention préventive abusive des journalistes est une attitude rétrograde que continue de pratiquer le gouvernement togolais.
– Dans les Etats modernes, la diffamation et le délit de presse ne font plus l’objet de peine d’emprisonnement mais plutôt de peines d’amende ; le gouvernement du Togo continue de violer ce principe.
– Les journalistes doivent répondre de leurs écrits et affirmations devant le tribunal lorsqu’ils sont interpellés par qui que ce soit; mais cela doit se faire dans des formes civilisées et modernes conformément aux principes universels de la liberté de presse.
2. Suite à une plainte déposée par le Ministre de la communication et de la formation civique, M. Koffi PANOU, contre l’hebdomadaire « Le Combat du Peuple », pour délit de presse, le Directeur dudit hebdomadaire, Lucien Messan, est aujourd’hui traqué par des éléments de la gendarmerie nationale pour être capturé et embastillé avant le procès. Et ce malgré la promesse faite par les organisations nationales des médias (UJIT, ATEP…) de s’assurer que les journalistes ou organes de presse poursuivis sont prêts à se présenter en bonne et du forme au tribunal.
Depuis le 18 avril 2000, M. Lucien Messan n’est plus libre de ses mouvements, craignant de se faire capturer comme un lapin dans une jungle. De même le directeur de l’hebdomadaire « Le Nouveau Combattant » Elias Hounkanly est recherché par des éléments des forces de sécurité, depuis le 20 février 2000 dans une affaire non encore bien élucidée.
L’UJIT dénonce encore une fois, cette manière cavalière et rétrograde du gouvernement togolais d’amener les journalistes à répondre de leurs écrits.
3. Depuis quelques temps, le ministère de l’intérieur et des éléments des renseignements généraux de la gendarmerie nationale organisent des saisies intempestives des journaux de la place. Notamment « Nouvel Echo » le 24 mars, « La Nouvelle République » le 28 mars, « Le Nouveau Combattant » le 29 mars, « Crocodile » le 6 avril, « Akéklé » le 17 avril â¦
Ces pratiques d’un autre âge contredisent la liberté de presse reconnue par la constitution togolaise et l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme : « ⦠le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre ⦠les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».
Cependant l’UJIT appelle encore une fois tous les journalistes au respect de l’éthique et de la déontologie de notre noble métier.
L’UJIT invite le gouvernement togolais à abroger les mesures administratives répressives et toutes les peines d’emprisonnement pour délit de presse contenues dans le nouveau code de la presse modifié le 4 janvier 2000.
L’UJIT appelle les organisations internationales des droits de l’homme et des journalistes, Amnesty International, Comittee to Protect Journalists, Reporters sans frontières, l’Union des Journalistes de l’Afrique de l’Ouest (UJAO), Freedom Forum, le Réseau international d’échange pour la liberté d’expression (IFEX), ⦠à accentuer leurs pressions pour amener le gouvernement togolais à créer un espace médiatique qui respecte les principes sacrés de la liberté d’expression et de presse.
Fait à Lomé le 22 avril 2000
Le Secrétaire Général de l’Union des journalistes indépendants du Togo (UJIT)
Gabriel Ayité BAGLO