**Mise à jour des alertes de l’IFEX du 7 avril 2000, 3 décembre, 29, 10 et 3 novembre et 8 septembre 1999** (RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 19 avril 2000: 19 avril 2000 : diffusion immédiate La presse réformatrice attaquée sur tous les fronts Deux mois après les élections […]
**Mise à jour des alertes de l’IFEX du 7 avril 2000, 3 décembre, 29, 10 et 3 novembre et 8 septembre 1999**
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 19 avril 2000:
19 avril 2000 : diffusion immédiate
La presse réformatrice attaquée sur tous les fronts
Deux mois après les élections législatives, Reporters sans frontières (RSF) s’alarme de la situation de la liberté de la presse en Iran. Le 17 avril 2000, le Parlement sortant, dominé par les conservateurs, a voté une loi renforçant les sanctions contre la presse. Ce vote intervient au lendemain de la mise en garde des Gardiens de la révolution (Pasdaran) à l’égard des journaux réformateurs. Cette campagne contre la presse réformatrice s’est accentuée depuis le début du mois, avec les poursuites judiciaires engagées contre des journalistes et l’emprisonnement du rédacteur en chef du quotidien Neshat, Machallah Chamsolvaezine.
En 1999, les tribunaux, dominés par les conservateurs, avaient déjà envoyé sept journalistes derrière les barreaux et ordonné la fermeture de cinq publications. Quatre journalistes sont actuellement emprisonnés pour des délits de presse.
La loi sur la presse, qui a été définitivement adoptée le 17 avril par le Parlement sortant, interdit à un journal suspendu de réapparaître sous un nouveau nom. Cette pratique avait été largement utilisée par des journaux réformateurs interdits en 1999 : Salam était devenu Bayan, Neshat avait laissé la place à Asr-E-Azdegan et Khordad s’était changé en Fath. Un autre article de la loi stipule que « les membres et sympathisants des groupes contre-révolutionnaires ou des formations politiques illégales, ainsi que les personnes condamnées par les tribunaux révolutionnaires pour atteinte à la sécurité de l’Etat ou encore ceux qui répandent de la propagande hostile au régime islamique ne sont, en aucune façon, autorisés à être employés dans une publication. » En clair, cela signifie qu’un journaliste qui a déjà été condamné ne pourra plus jamais exercer sa profession. Le texte précise également que l’octroi d’une licence pour une publication requiert « au préalable le feu vert du ministère des Renseignements, de la Justice et des forces de police ». Par le passé, seule l’autorisation du ministère de la Culture était nécessaire. De plus, la responsabilité des articles n’incombe plus seulement au directeur de la publication mais peut aussi être imputée à l’auteur même de l’article, le journaliste étant alors considéré comme complice du délit. D’autres articles de la nouvelle loi interdisent « toute aide étrangère directe ou indirecte aux journaux » et la publication d’articles critiquant la constitution.
Ces attaques contre la presse réformatrice ont redoublé au lendemain de la défaite des conservateurs aux élections législatives. Suite à la tentative d’assassinat, le 12 mars 2000, de Saïd Hajarian, un proche du président Mohammed Khatami et directeur du quotidien Sobh-e-emrouz, le ministre des Renseignements, Ali Younessi, a interdit à la presse de diffuser « toute information non-officielle [Å ] au sujet des agresseurs de M. Hajarian ». La plupart des quotidiens réformateurs ont critiqué ce « black-out » imposé à la presse et ont décidé de ne pas tenir compte de cette interdiction. Le 2 avril, Emadoldin Baghi, du quotidien Fath, a comparu devant le tribunal révolutionnaire pour la publication d’informations sur la tentative d’assassinat sur Saïd Hajarian. Le 5 avril, c’est au tour de Mohammed-Reza Khatami, directeur du quotidien Mocharekat et frère du président Mohammed Khatami, d’être interrogé par le tribunal de la presse suite à plusieurs plaintes dont celle de la police et du Conseil des Gardiens pour cette même affaire. Quant à Hamid-Reza Kaviani, il doit comparaître le 28 juin prochain devant le tribunal spécial du clergé pour son livre-enquête « A la recherche des criminels » sur les meurtres en série d’intellectuels fin 1998. Les principales informations contenues dans cet ouvrage avaient déjà été publiées dans Asr-e-ma en 1999.
Le 10 avril, la Cour d’appel a condamné Machallah Chamsolvaezine, rédacteur en chef du quotidien Asr-E-Azdegan et ancien rédacteur en chef du quotidien interdit Neshat à deux ans et demi de prison pour « atteinte à l’islam ». Il avait été condamné en première instance par le tribunal de la presse, en novembre 1999, à trois ans de prison.