(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Mohammad Nasim, ministre des Affaires intérieures du Bangladesh, RSF s’est inquiétée de la nouvelle vague de violence à l’encontre de la presse, et notamment de l’implication de militants de la Ligue Awami (parti au pouvoir) dans ces attaques. L’organisation a demandé au ministre de tout mettre en oeuvre […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Mohammad Nasim, ministre des Affaires intérieures du Bangladesh, RSF s’est inquiétée de la nouvelle vague de violence à l’encontre de la presse, et notamment de l’implication de militants de la Ligue Awami (parti au pouvoir) dans ces attaques. L’organisation a demandé au ministre de tout mettre en oeuvre afin que les responsables de ces actes soient identifiés et sanctionnés. « Il est du devoir du gouvernement de prendre des mesures énergiques afin de garantir la sécurité des professionnels de la presse. Par ailleurs, ces violences augurent mal du climat dans lequel se tiendront les élections générales d’octobre 2001 », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « L’impunité dont jouissent les membres du parti au pouvoir auteurs d’attaques contre les journalistes est choquante » a-t-il ajouté.
Selon les informations recueillies par RSF, les bureaux du quotidien « Dainik Juger Alo » ont été la cible, le 22 juin 2001, d’une tentative d’attentat à la bombe à Rangpur (nord du pays). L’engin explosif a été désamorcé par la police. Le « Dainik Juger Alo » est un journal très critique du gouvernement, publié à Rangpur, dont le propriétaire est un ancien député du Parti national du Bangladesh (BNP, opposition). La bombe a été découverte peu après que Khaleda Zia, leader du BNP, arrive à Rangpur pour une série de meetings dans le nord du pays.
Le même jour, des responsables de la branche étudiante de la Ligue Awami (parti au pouvoir) ont menacé de représailles les marchands de journaux qui vendraient le « Dainik Dinkal », organe du BNP, et le « Dainik Inqilab », quotidien pro-islamiste. Les partisans du gouvernement reprochent aux deux journaux leur couverture de l’attentat à la bombe survenu, le 16 juin dernier, au siège de la Ligue Awami à Naryanganj et qui avait fait vingt-deux morts et une centaine de blessés.
Cinq jours auparavant, des militants de la Ligue Awami à Barisal (sud du pays) s’en sont pris au journal « Ajker Kagoj ». Ils ont saisi et brûlé des exemplaires du quotidien dans la rue et menacé d’interdire par la force la vente d' »Ajker Kagoj » dans la ville. La rédaction a par ailleurs reçu des menaces de mort par téléphone. Le journal a récemment publié des articles sur les rivalités internes au sein du parti. Pour prévenir de nouvelles représailles, la police protége les locaux du journal à Barisal et à Dhaka.
Au cours des dix derniers jours, trois journalistes ont été attaqués ou menacés de mort par des groupes d’opposition ou des mafias locales. Le 16 juin, des inconnus se sont présentés à deux reprises au domicile de Mohammad Shahidul Islam, correspondant du « Dainik Jugantor » à Senbagh. Le journaliste était absent, mais les agresseurs ont pris à partie sa famille et ont menacé de venir chercher le journaliste pour le tuer. Shahidul Islam a récemment publié des articles sur les activités de groupes de délinquants liés à des politiciens locaux. Le journaliste a demandé la protection de la police.
Le 20 juin, un groupe islamiste clandestin a menacé de mort le photographe Shahjaban Hossain Badshah du quotidien « Dainik Sonali Sangbad », publié à Rajshahi. Un message est apparu sur son téléphone portable : « C’est la dernière mise en garde ! Tu seras tué dans les sept jours ! », envoyé par une mystérieux « groupe taliban ».
Enfin, dans la nuit du 23 juin, Monir Hossain, journaliste du journal « Dainik Ajker Barta » et correspondant de Télévision Bangladesh (BTV) à Barisal, a été poursuivi par trois hommes à moto qui l’ont attaqué avec des bombes artisanales. Il est parvenu à s’échapper et se réfugier à son domicile. La police a saisi une des bombes qui n’a pas explosé pour tenter d’identifier les auteurs de cette attaque.