RLTV/Mbuji-Mayi a été assiégée, le 5 décembre, par un groupe d'éléments de la police nationale congolaise fortement armés qui y siègent depuis.
(JED/IFEX) – Kinshasa, le 8 décembre 2011 – Journaliste en danger (JED) dénonce vigoureusement des actes qui frisent l’acharnement des autorités de la province du Kasaï Oriental (ouest de la RDC), ainsi que du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et la Communication (CSAC), organe de régulation des médias, contre un média dont le seul tort est, apparemment, d’être le porte-voix fort de l’opposition. JED demande surtout au CSAC d’assumer son indépendance en se démarquant de la volonté politique de ceux qui veulent réduire au silence toutes les voix discordantes qui les dérangent en cette période de grande incertitude politique.
Selon les informations recueillies par JED, Radio Lisanga Télévision (RLTV), principale chaîne proche de l’opposition émettant à Kinshasa, capitale de la RDC, ainsi que son antenne provinciale de Mbuji-Mayi, capitale de la province du Kasaï Oriental, ont cessé d’émettre dans ces deux villes qui sont les fiefs de M. Etienne Tshisekedi, principal challenger du Président Joseph Kabila aux dernières présidentielles du 28 novembre.
Selon des témoignages faits à JED, la station locale de RLTV/Mbuji-Mayi a été assiégée, lundi 5 décembre 2011 vers 14 heures locales, par un groupe d’éléments de la police nationale congolaise fortement armés qui y siègent jusqu’à aujourd’hui. Le motif officiel de l’invasion de ce média par des éléments de la police n’est toujours pas donné par les autorités provinciales ni par la police, tandis que le CSAC observe un silence assourdissant sur cette affaire.
Tous les agents se trouvant dans les installations de la chaîne ont été évacués, sans aucune raison, par les éléments de la police qui ont, par la suite, quadrillé ce média, interdisant toute entrée aux journalistes.
Contacté par JED, Floribert Mole, directeur de RLTV/antenne locale de Mbuji-Mayi, a déclaré que toutes les portes de RLTV ont été cadenassées par leurs assaillants sans qu’ils sachent les vraies raisons. « Quelques jours avant la prise d’assaut de notre chaîne de télévision par des éléments de la police, nous avons reçu plusieurs menaces dont celles proférées par le gouverneur de province qui intervenait sur sa chaîne de télévision (ndlr : Radio Télévision Océan pacifique – RTOP) en déclarant qu’il allait en finir avec RLTV, accusant le député de l’opposition Roger Lumbala (ndlr : propriétaire de RLTV) d’avoir regagné Kinshasa après avoir semé des troubles à Mbuji-Mayi. »
A la suite de ces menaces, et de l’invasion policière de sa chaîne, le directeur de RLTV affirme avoir officiellement saisi le CSAC qui n’a donné aucune réaction.
Par contre, à Kinshasa, le signal d’émission de RLTV a été coupé, samedi 3 décembre 2011 vers minuit, par le Conseil Supérieur de la Communication et de l’Audiovisuel (CSAC) pour sept jours. RLTV/Kinshasa a été accusée d’avoir diffusé des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 dont la source n’est pas la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
Journaliste en danger (JED) exprime sa totale désapprobation contre l’occupation policière des installations de la RLTV et demande instamment aux autorités provinciales d’ordonner, sans délai, aux policiers de libérer ce média. De même, JED désapprouve la décision discriminatoire de suspendre la RLTV qui vise à priver l’opposition d’un canal d’expression.