"Eliminer "To Quoc" semble faire partie du projet conservateur avant le 11e Congrès du Parti", selon l'un des fondateurs du journal.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime son entière solidarité avec la rédaction de « To Quoc » ( http://www.to-quoc.net ) qui continue à publier ce bimensuel indépendant sur papier et en ligne au Viêt-Nam malgré les menaces. Interrogé par Reporters sans frontières, l’un des fondateurs de « To Quoc » a affirmé que ces menaces font partie du « dangereux plan des conservateurs » avant le prochain Congrès du Parti communiste.
« Les autorités bloquent l’émergence d’une presse indépendante dans le pays. Mais plusieurs journalistes et intellectuels continuent, malgré les menaces et les arrestations, à produire sans autorisation des publications de qualité. Nous appelons le Premier ministre Nguyen Tan Dung à créer les conditions nécessaires à l’émergence d’un débat pluraliste avant le prochain Congrès et à faire cesser les violences contre la rédaction de « To Quoc » », a affirmé Reporters sans frontières.
Le premier numéro du bimensuel « To Quoc » a vu le jour le 15 septembre 2008. Immédiatement, les personnes dont les noms figurent dans le comité de rédaction ont subi des pressions de toutes sortes. Ainsi, Dang Van Viêt, un officier de l’armée, a demandé à retirer son nom du comité de rédaction, suite à des menaces.
Récemment, la pression s’est accentuée. Au début de février 2010, le rédacteur en chef adjoint Nguyen Thuong Long et le journaliste Nguyen Phuong Anh ont été interrogés par la police. Au début de mars, des agents ont affirmé à la femme et aux enfants de l’ancien colonel Pham Que Duong, ancien directeur de « To Quoc », qu’ils allaient avoir de sérieux problèmes d’emploi s’ils n’obtenaient pas de lui qu’il arrête de collaborer au magazine.
Le géologue Nguyen Thanh Giang, fondateur de « To Quoc », a récemment été convoqué et interrogé plusieurs fois dans un commissariat. Les autorités jugent « illégale » la publication de « To Quoc », et ont menacé de représailles Nguyen Thanh Giang s’il n’arrêtait pas la parution.
Le 23 mars, des voyous se sont introduits chez le médecin Pham Hong Son, dont certains articles ont été publiés dans « To Quoc », menaçant de verser de l’urine et des excréments s’il continuait à écrire des articles sur Internet.
Dans le passé, plusieurs rédacteurs de « To Quoc » ont été interpellés et menacés par la police, notamment le dissident Vu Cao Quân, Tran Khai Thanh Thuy, écrivaine, Nguyên Xuân Nghia, écrivain, et Pham Hong Duc.
Interrogé par Reporters sans frontières, l’un des fondateurs du journal a expliqué : « »To Quoc » a pour but de contribuer au processus de démocratisation du Viêt-Nam, de défendre les droits de l’homme, la liberté d’expression et la liberté de religion. Tout cela, en s’exprimant de façon modérée et avec des arguments justes. C’est pour ces raisons que « To Quoc » est respecté par les démocrates vietnamiens, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, mais il est également de plus en plus accepté par des membres du Parti. Certains au sein du pouvoir estiment que « To Quoc » aide à l’évolution pacifique du pays. Mais éliminer « To Quoc » semble faire partie du projet conservateur avant le 11e Congrès du Parti. »
Au cours des derniers mois, des responsables de la publication dissidente « Tu Do Ngon Luan » ont également été harcelés par la police.