Human Rights Watch a publié une série de recommandations adressées aux gouvernements qui luttent contre la pandémie de coronavirus.
Cet article a été initialement publié sur hrw.org le 19 mars 2020.
Les gouvernements à travers le monde devraient répondre à la pandémie de COVID-19 en accordant la priorité au droit à la santé pour tous, ainsi qu’au respect des autres droits humains, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié aujourd’hui.
Ce rapport, intitulé « Human Rights Dimensions of the COVID-Response » (« Aspects liés aux droits humains dans la réponse au COVID-19 »), analyse les obligations qui incombent aux gouvernements et les préoccupations relatives aux droits humains posées par l’épidémie de coronavirus, ainsi que des exemples de réponses apportées à ce jour. Human Rights Watch fait des recommandations aux gouvernements pour lutter contre l’épidémie dans le respect des droits humains fondamentaux, y compris les droits à la santé, la liberté d’expression, la non-discrimination et la liberté de mouvement.
« Alors que les gouvernements commencent à intensifier leur action en matière de santé publique, la menace posée par COVID-19 est une raison de réaffirmer aux droits individuels, et non d’y renoncer », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Cela signifie donner la priorité à la science plutôt qu’à la politique, prendre soin des personnes les plus à risque, éviter la censure, limiter les blocages et renforcer la confiance de l’opinion publique, qui est essentielle dans une réponse efficace. »
Les gouvernements devraient éviter les restrictions extrêmes et trop vaguement formulées à la liberté de mouvement et aux libertés individuelles, privilégier la distanciation sociale volontaire, et s’orienter vers des restrictions obligatoires uniquement lorsque cela est scientifiquement justifié et nécessaire et lorsque des dispositifs de soutien aux personnes touchées peuvent être garantis. Lorsque des quarantaines ou des fermetures sont imposées, les gouvernements sont obligés de garantir l’accès à la nourriture, à l’eau, aux soins et aux prestations de santé. Ils devraient répondre aux préoccupations spécifiques des personnes incarcérées et se trouvant dans des prisons et des centres de détention pour migrants, des personnes âgées et des personnes handicapées.
Dans un certain nombre de pays, l’épidémie de COVID-19 a révélé des lacunes dans les systèmes de santé publique et de protection sociale qui rendent plus difficile la prise en charge des populations vulnérable et la réduction du risque de transmission des maladies. Les gouvernements devraient intensifier les campagnes d’information pour s’assurer que les gens sont conscients du risque posé par le COVID-19 et des stratégies de prévention. Ils devraient veiller à ce que chacun puisse accéder aux soins de santé de base, y compris les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés ; cibler les efforts de secours pour venir en aide aux travailleurs à bas salaires touchés ; et remédier à l’impact disproportionné sur les femmes et les filles. Ils devraient également prendre des mesures politiques spécifiques pour réaliser le droit à l’éducation, même si les écoles sont temporairement fermées.
Depuis que ce nouveau type de coronavirus a été identifié pour la première fois en décembre à Wuhan, en Chine, Human Rights Watch a fait état de violations des droits dans la riposte autoritaire du gouvernement chinois, de risques pour les prisonniers et détenus aux États-Unis, en Syrie et en Iran, de l’impact sur les personnes âgées et les fermetures d’établissements scolaires au Royaume-Uni, de l’effondrement du système de santé au Venezuela et d’autres répercussions sur les droits humains qu’ont l’épidémie comme les réponses apportées.
« La meilleure façon de lutter contre le COVID-19 est de faire preuve d’une scrupuleuse honnêteté avec le public, de restreindre les déplacements au strict nécessaire pour limiter la transmission et de traiter les personnes les plus vulnérables », a conclu Kenneth Roth. « Le coronavirus ne connaît pas de frontières et a montré que notre propre santé n’est pas plus solide que celle de notre voisin immédiat. Sa propagation rapide nous rappelle à notre connectivité mondiale et à notre responsabilité partagée. »