Solidjon Abdourakhmanov a été condamné en 2008 à dix ans de réclusion criminelle pour “trafic de drogue” dans une affaire montée de toutes pièces. L’état de santé du journaliste, qui souffre d’un ulcère de l’estomac, s’est gravement détérioré ces derniers mois.
Reporters sans frontières demande une nouvelle fois la remise en liberté immédiate du journaliste indépendant Solidjon Abdourakhmanov (Салиджон Абдурахманов), condamné en 2008 à dix ans de réclusion criminelle pour “trafic de drogue” dans une affaire montée de toutes pièces. L’état de santé du journaliste, qui souffre d’un ulcère de l’estomac, s’est gravement détérioré ces derniers mois.
“Nous sommes extrêmement inquiets pour Solidjon Abdourakhmanov. Après déjà cinq ans d’emprisonnement dans des conditions difficiles, le maintien en détention de cet homme de 63 ans est criminel. Nous tenons les autorités pénitentiaires pour responsables de son sort, et nous les appelons à donner sans délai des informations complètes sur son état de santé. La communauté internationale doit impérativement se mobiliser pour exiger de Tachkent la libération de tous les prisonniers politiques. L’attitude de l’Union européenne, qui a levé les sanctions à l’encontre du pays sans que les conditions posées au préalable ne soient remplies, s’apparente à un abandon”, a déploré Reporters sans frontières.
Solidjon Abdourakhmanov est l’un des très rares journalistes indépendants du Karakalpakstan (république autonome de l’ouest du pays). Il est l’auteur, en particulier, de nombreux articles sur les conséquences sanitaires et humaines de la catastrophe écologique de la mer d’Aral. Il est également l’ancien directeur régional du Comité pour la protection des droits de l’homme au Karakalpakstan.
Le journaliste a été arrêté le 7 juin 2008 et placé en détention provisoire pour “usage de drogue” (article 276.2 du code pénal) après que des policiers avaient découvert des stupéfiants dans sa voiture, qu’il venait de récupérer après une réparation. Solidjon Abdourakhmanov a toujours nié ces accusations et affirmé que la drogue avait été déposée dans son véhicule par la police elle-même. Les tests toxicologiques ont démontré qu’il n’avait pas consommé de drogue, ce qui a entraîné la modification du chef d’accusation : le journaliste a été condamné à dix ans de prison pour “trafic de drogue”, au terme d’un procès marqué par la violation répétée des droits de la défense. La peine a été confirmée en novembre 2008, sans aucune motivation, par la Cour suprême du Karakalpakstan.
D’après le site d’information indépendant Uznews, Solidjon Abdourakhmanov a récemment été transféré, pour la seconde fois en quelques mois, à l’hôpital pénitentiaire de Tachkent (capitale) où sont traités les prisonniers les plus gravement malades. Il y avait déjà été traité en février. Cette nouvelle hospitalisation est d’autant plus inquiétante que le journaliste avait par deux fois été soustrait aux inspections du Comité international de la Croix rouge (CICR) en 2012.
Reporters sans frontières demande en outre la remise en liberté immédiate de neuf autres journalistes emprisonnés du fait de leur activité professionnelle :
- Khayrullo Khamidov (Nawruz) – emprisonné depuis le 21 janvier 2010
- Dilmurod Sayid (Ezgulik) – emprisonné depuis le 22 février 2009
- Bakhrom Ibragimov (Irmok) – emprisonné depuis le 16 février 2009
- Davron Kabilov (Irmok) – emprisonné depuis le 16 février 2009
- Ravshanbek Vafoev (Irmok) – emprisonné depuis le 16 février 2009
- Abdulaziz Dadakhonov (Irmok) – emprisonné depuis le 16 février 2009
- Botyrbek Eshkuziev (Irmok) – emprisonné depuis le 16 février 2009
- Jusuf Ruzimuradov (Erk) – emprisonné depuis le 15 mars 1999
- Mohammed Bekjanov (Erk) – emprisonné depuis le 15 mars 1999
Lire le rapport de Human Rights Watch sur les conditions de détention et l’usage de la torture en Ouzbékistan : “No One Left to Witness” (décembre 2011).