En Syrie, le réseau Internet est, depuis des années, étroitement surveillé.
En Syrie, le réseau Internet est, depuis des années, étroitement surveillé. Il le sera désormais encore plus. Le groupe d’hacktivistes Telecomix a révélé le 22 mai la présence de 34 serveurs de la société Blue Coat sur le sol national. Ce type de matériel utilise la technologie du DPI pour analyser et contrôler l’activité des internautes syriens : censure de sites, interception d’emails, détails des sites visités par internaute, etc.
Alors que le régime de Bashar Al-Assad regagne du terrain, l’installation de serveurs Blue Coat en Syrie, troisième prison du monde pour les acteurs de l’information, représente une menace supplémentaire pour la circulation de l’information, ainsi que pour la sécurité des net-citoyens, des journalistes et de leurs sources. Reporters sans frontières demande à nouveau à la société Blue Coat, déjà désignée Ennemi d’Internet dans le rapport spécial surveillance de l’organisation publié le 12 mars 2013, de s’expliquer sur la présence sur le sol syrien de 34 de ses produits, utilisés par le régime syrien pour traquer ses opposants.
En mars dernier, Reporters sans frontières avait écrit dans son rapport : « A l’instant même où ces entreprises entreprennent de commercer avec des régimes autoritaires, elles ne peuvent ignorer que leurs produits sont susceptibles d’être utilisés pour surveiller des journalistes, dissidents ou net-citoyens. Lorsque ces produits de surveillance numérique sont vendus à un régime autoritaire par un intermédiaire sans que la société éditrice n’en soit informée, l’incapacité de celle-ci à tracer les ventes et exportations de ses propres logiciels est révélateur de l’absence de prise en compte par ces entreprises du risque d’utilisation détournée de leurs technologies et de la vulnérabilité des défenseurs des droits de l’homme ».
Ce à quoi, Blue Coat avait répondu directement à Reporters sans frontières le 12 mars 2013 : « Nous respectons et soutenons pleinement les droits de l’homme, comme la liberté d’expression. Nous ne concevons pas nos produits pour réprimer les droits humains, et ne tolérons pas leur utilisation à de telles fins. En 2013, nous menons un examen complet de nos activités, politiques et procédures pour examiner quelles mesures nous pourrions prendre pour limiter les abus de nos produits. »
Avec 34 nouveaux serveurs apparus en mai 2013 sur le sol syrien, Reporters sans frontières demande à nouveau des explications à Blue Coat. Si l’entreprise américaine venait à déclarer, comme elle le prétendait le 12 mars dernier, qu’elle ne vend pas ses serveurs à la Syrie, elle se doit d’expliquer aux Syriens et à la communauté internationale la présence en Syrie de ses équipements. Si, au terme d’une enquête sur le système d’exportation utilisé, il devait s’avérer que Blue Coat n’a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher une telle exportation de ses produits, ou si cette exportation devait avoir eu lieu au mépris des lois en vigueur, Reporters sans frontières se réserve le droit de porter l’affaire devant l’opinion publique ou les tribunaux appropriés.
Les agissements d’entreprises telle que Blue Coat démontrent qu’une réglementation et un contrôle de l’exportation de matériel de surveillance sont indispensables. Reporters sans frontières s’implique depuis près de dix ans pour que soient sanctionnées les entreprises collaborant avec les États autoritaires et rappelle que les États exportateurs de technologies de surveillance se rendent coupables d’importantes violations de la liberté de la presse.
La Syrie est classée dans les pays ennemis d’internet selon le rapport spécial surveillance publié par RSF à l’occasion de la journée contre la cybercensure, le 12 mars 2013.
Retrouvez le document prouvant la présence de serveurs BlueCoat en Syrie sur wefightcensorship.org.