La blogueuse avait été arrêtée en septembre pour avoir tenté d'informer ses concitoyens sur les négligences des autorités dans leur gestion des inondations dans le sud du pays.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 9 décembre 2019.
La blogueuse avait été arrêtée en septembre pour avoir tenté d’informer ses concitoyens sur les négligences des autorités dans leur gestion des inondations dans le sud du pays. Reporters sans frontières (RSF) exige sa libération immédiate et inconditionnelle.
Elle a écopé de la peine maximale : Houayheuang Xayabouly, qui publie sous le pseudonyme Muay Littlepig, a été condamnée, fin novembre, à cinq ans d’emprisonnement et une amende de 20 millions de kips (2000 euros). Elle a été reconnue coupable de “propagande contre la République démocratique populaire lao » et d’avoir “tenté de renverser le parti, l’Etat et le gouvernement”, en vertu de l’article 117 du Code pénal.
Basée à Paksé, dans le sud du Laos, cette blogueuse de 30 ans a été arrêtée le 12 septembre dernier pour avoir publié une vidéo sur sa page Facebook, vue plus de 170.000 fois. Elle y dénonçait l’incurie des autorités locales face aux inondations meurtrières qui avaient frappé, fin août et début septembre, les provinces méridionales de Champassak et Salawan. Avant cela, Muay Littlepig avait documenté, dans d’autres vidéos, des cas de corruption, ainsi que la mauvaise gestion des dégâts causés par la rupture du barrage d’Attapeu, là aussi dans le sud du Laos, en juillet 2018.
“En portant la voix de ses concitoyens, Muay Littlepig assurait une mission d’intérêt public avec un très grand courage, tant l’information, au Laos, est totalement sclérosée, remarque Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. La lourde condamnation qui la frappe est un funeste avertissement adressé à l’ensemble de la population laotienne. Face à la vacuité de l’accusation, nous exigeons sa libération immédiate et inconditionnelle.”
Avec un contrôle absolu des médias par l’appareil d’Etat, et une population relativement peu connectée à Internet, le Laos est un véritable trou noir de l’information. En janvier 2016, un décret du Premier ministre a conditionné l’installation de médias étrangers dans le pays à condition qu’ils acceptent de soumettre leurs contenus à la censure préalable du Parti révolutionnaire populaire lao, au pouvoir à Vientiane. Résultat, seules les agences de propagande chinoise Xinhua et vietnamienne Nhân Dân y ont ouvert un bureau.
En chute d’une place par rapport à l’année précédente, le Laos se situe à la 171e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2019 par RSF.