(RSF/IFEX) – « La libération des deux reporters américains est une très bonne nouvelle. Il faut toutefois que l’autorité palestinienne prenne des mesures concrètes pour assurer la protection des professionnels de médias. Quant aux journalistes pris pour cible par l’armée israélienne, nous attendons de celle-ci qu’elle mène une enquête approfondie pour déterminer les causes et les […]
(RSF/IFEX) – « La libération des deux reporters américains est une très bonne nouvelle. Il faut toutefois que l’autorité palestinienne prenne des mesures concrètes pour assurer la protection des professionnels de médias. Quant aux journalistes pris pour cible par l’armée israélienne, nous attendons de celle-ci qu’elle mène une enquête approfondie pour déterminer les causes et les responsables de cette bavure, qui est malheureusement loin d’être la première », a déclaré l’organisation.
Les deux journalistes de Fox News, Steve Centanni et Olaf Wiig, ont été libérés le 27 août 2006 après deux semaines de captivité. Ils avaient été kidnappés par un groupe jusqu’alors inconnu, « Les brigades du Jihad saint ». Ce dernier a communiqué aux médias, le même jour, une vidéo dans laquelle les otages déclarent se convertir à l’islam. Les deux reporters américains ont expliqué, par la suite, avoir fait ces déclarations sous la menace d’armes à feu. Au cours des douze derniers mois, dix journalistes ont été enlevés dans les Territoires palestiniens. Tous ont été relâchés sains et saufs.
« Les prises d’otages de journalistes à Gaza sont de plus en plus fréquentes. Nous attendons des autorités palestiniennes qu’elles s’attellent cette fois sérieusement à ce problème, avant que l’un de ces enlèvements ne se termine de manière tragique », a demandé Reporters sans frontières.
Par ailleurs, l’armée israélienne a tiré deux missiles, le 27 août tôt dans la matinée, sur un véhicule de presse, blessant à la jambe un journaliste travaillant pour un site Web local, Sabbah Hmaida. A la suite de cette attaque, un caméraman de l’agence britannique Reuters, Fadel Shana, embarqué dans le même véhicule, a perdu connaissance. Les deux hommes suivaient une incursion de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Ils circulaient dans une voiture blindée de Reuters qui, selon l’agence, affichait clairement sa qualité de véhicule de presse par des inscriptions disposées sur son toit et ses côtés. L’armée israélienne a déclaré à Associated Press qu’elle n’avait pas frappé intentionnellement les journalistes, qui « n’auraient pas dû être là » durant l’attaque. « Il n’y avait aucun signe sur le véhicule. Du moins nous n’en avons vu aucun », a déclaré une porte-parole des forces israéliennes.
Reporters sans frontières a dénoncé à plusieurs reprises le manque de discernement de l’armée israélienne lors de ses interventions armées. Un char israélien avait déjà grièvement blessé à Gaza, le 26 juillet 2006, un journaliste de la télévision publique palestinienne, Ibrahim Atla (consulter l’alerte de l’IFEX du 26 juillet 2006).
« Nous proposons au gouvernement israélien d’associer des tiers, des ONG de défense des droits de l’homme ou les médias concernés, aux enquêtes sur ce type de bavure. Car, malgré nos appels répétés, aucune investigation sérieuse n’a été menée suite aux nombreuses erreurs commises par l’armée israélienne sur le territoire de l’autorité palestinienne. Depuis 2000, nous avons recensé plus de soixante cas de journalistes blessés par balles alors qu’ils couvraient le conflit entre Israéliens et Palestiniens. Dans l’écrasante majorité des cas, ces blessures ont été occasionnées par des tirs israéliens. Au total, cinq journalistes – deux étrangers et trois Palestiniens – ont été tués par l’armée israélienne. Jamais les causes de ces bavures n’ont été clairement établies, ni leurs responsables punis », a déclaré Reporters sans frontières.