(RSF/IFEX) – RSF demande à l’Autorité de régulation des médias électroniques pakistanais (Pakistan Electronic Media Regulatory Authority, PEMRA) de revenir au plus vite sur sa décision de suspendre SINDH TV, la seconde chaîne de télévision la plus populaire dans la province du sud du Pakistan. Le 9 novembre 2006, la PEMRA a ordonné aux opérateurs […]
(RSF/IFEX) – RSF demande à l’Autorité de régulation des médias électroniques pakistanais (Pakistan Electronic Media Regulatory Authority, PEMRA) de revenir au plus vite sur sa décision de suspendre SINDH TV, la seconde chaîne de télévision la plus populaire dans la province du sud du Pakistan.
Le 9 novembre 2006, la PEMRA a ordonné aux opérateurs de câble pakistanais de stopper la diffusion de la chaîne SINDH TV. « Mais quelle est la raison ? Nous n’avons commis aucune irrégularité et, du jour au lendemain, nous sommes suspendus. Sans qu’aucun motif soit fourni par les autorités. La PEMRA agit comme le policier du secteur audiovisuel », a déclaré Razzaque Sirohi, directeur de l’information de la chaîne, à RSF.
SINDH TV, lancée en octobre 2004, est diffusée par satellite et sur le câble depuis Bangkok. La chaîne publique PTV est la seule diffusée en hertzien. Elle est accessible aux téléspectateurs basés hors du Pakistan.
Selon plusieurs sources, cette suspension soudaine pourrait être liée à la couverture par SINDH TV de la situation au Baloutchistan, des crimes d’honneur perpétrés dans le pays ou de l’attentat-suicide de Dargai. En tout cas, Karim Rajpur, directeur exécutif de SINDH TV, a déclaré à la presse que l’ordre venait d’Islamabad.
Cette décision intervient alors que la chaîne a récemment diffusé des images compromettantes pour un politicien proche du pouvoir. Pervaiz Narejo, correspondant de SINDH TV à Dadu (Sud-Est), a filmé des images montrant un membre influent du MNA (parti politique progouvernemental) frapper un policier. Quelques minutes plus tard, le policer a été tué, peut-être sur ordre du responsable politique. Après la diffusion des images, Narejo et sa famille ont reçu des menaces de mort. Le journaliste a été contraint de se réfugier à Karachi.
« La PEMRA ne rend pas service à la liberté de la presse en suspendant sans même donner de raisons une chaîne de télévision privée. Les autorités doivent se garder de toute interférence dans le développement des médias électroniques au Pakistan. En outre, nous souhaitons que [. . .] Pervaiz Narejo bénéficie d’une protection particulière. La justice doit s’emparer de cette affaire et faire arrêter les personnes responsables de menaces à l’encontre de ce journaliste », a affirmé l’organisation.
Ce n’est pas la première fois qu’une chaîne de télévision est suspendue par la PEMRA ou par les autorités locales. En septembre 2006, la police du Pendjab avait fait supprimer la chaîne ARY TV du réseau câblé suite à la diffusion d’images de brutalités policières (consulter l’alerte de l’IFEX du 18 septembre 2006).