Il est reproché au quotidien "des écrits incendiaires, des propos discourtois qui visent à détruire la République et mettre à mal les relations entre le Bénin et les pays membres du Conseil de l'Entente".
(RSF/IFEX) – Le 12 décembre 2011 – Reporters sans frontières exprime son incompréhension face à la suspension définitive qui touche Le Béninois Libéré, décidée par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) le 8 décembre 2011 et met en garde contre les risques de dérive.
« La décision de la HAAC est une violation sans précédent de la liberté de la presse et écorne l’image d’un pays auparavant perçu comme une référence en la matière, a déploré Reporters sans frontières. Nous sommes particulièrement préoccupés par le risque d’un durcissement de la Haute Autorité contre les médias critiques. La fermeture d’un journal et l’interdiction d’exercer la profession de journaliste ne sont en aucun cas une réponse adéquate », a ajouté l’organisation.
Le Béninois libéré a été suspendu pour « violation des règles éthiques et déontologiques de la profession » par la HAAC, lors d’une audition publique spéciale qui s’est tenue le 8 décembre 2011. Tous les écrits du quotidien ont fait l’objet d’une saisie conservatoire et les locaux ont été mis sous scellé. Le directeur du journal, Aboubacar Takou, et son directeur de publication Eric Tchiakpè, se sont par ailleurs vu interdire jusqu’à nouvel ordre l’exercice de la profession de journaliste ainsi que la création d’un organe de presse dans le pays.
Il est reproché au quotidien « des écrits incendiaires, des propos discourtois qui visent à détruire la République et mettre à mal les relations entre le Bénin et les pays membres du Conseil de l’Entente », ainsi qu’un titre « d’une gravité particulière » et des expressions « grossières, outrageantes, ordurières à l’égard des Chefs des Etats du Conseil de l’Entente », lors d’une de ces précédentes éditions. Le journal avait, en effet, tourné en dérision la réunion à Cotonou des Chefs d’Etat de l’organisation régionale dans un article intitulé « Conseil de l’Entente : Du vent ! ».
Les suspensions antérieures du journal semblent avoir pesé dans cette décision radicale de l’organe de régulation dirigé par Théophile Nata.
Parallèlement, Reporters sans frontières a appris que huit autres journaux ont écopé d’une suspension temporaire allant d’une semaine à un mois pour des raisons diverses liées au manquement aux règles déontologiques. Radio Tokpa, une radio de proximité de Cotonou, a, quant à elle, vu une de ses émissions sportives hebdomadaires suspendues pour deux semaines.