(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent les récentes mesures prises par le Bureau de la censure contre la version en birman de l’hebdomadaire « Myanmar Times » qui a été interdit pendant une semaine pour avoir publié dans son numéro du 11 janvier 2008 un article sur l’augmentation du prix des licences […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent les récentes mesures prises par le Bureau de la censure contre la version en birman de l’hebdomadaire « Myanmar Times » qui a été interdit pendant une semaine pour avoir publié dans son numéro du 11 janvier 2008 un article sur l’augmentation du prix des licences de parabole satellitaire ( http://www.mmtimes.com/no400/n006.htm ). Le « Myanmar Times » semble avoir publié cette information, citant l’Agence France-Presse, sans avoir demandé l’autorisation du Bureau.
« Ces nouvelles sanctions prises contre des médias déjà soumis à la censure et l’autocensure sont à mettre en relation avec les déclarations des autorités sur la liberté des médias. Ainsi, le ministre de l’Information, Kyaw Hsan, a affirmé, le 13 janvier, devant un assemblé de patrons de presse, que les médias doivent faire des efforts pour améliorer l’économie nationale et se protéger des destructionnistes qui menacent l’intérêt du pays. Nous redoutons que ce genre de déclarations ouvre la voie à de nouvelles sanctions et restrictions », ont affirmé les deux organisations.
Selon un journaliste de Rangoon, le gouvernement a également demandé à la direction du « Myanmar Times » de renvoyer les journalistes Nwe Nwe Aye, Win Nyunt Lwin, Myint Soe et Win Kyaw Oo. Les quatre employés de ce journal auraient déjà reçu l’ordre de quitter la rédaction la semaine du 14 janvier.
Récemment, le Bureau de la censure, dirigé par le major Tint Swe, a ordonné à au moins deux magazines, le « Myanmar Tribune » et « Action Times », de ne pas publier d’informations « politiques ». Selon un journaliste de l’une de ses publications, le major Tint Swe les a menacé de représailles s’ils ne se concentraient pas sur des sujets de divertissement et le sport. « Myanmar Tribune » et « Action Times » ont décidé de suspendre temporairement leur publication.
Par ailleurs, un porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, a été convoqué le 11 janvier par un responsable du Bureau de la censure qui lui a reproché la publication d’un bulletin d’informations, le 4 janvier, jour de l’Indépendance. Les autorités ont invoqué le Printers and Publishers Registration Act qui punit d’une peine de sept ans de prison la publication sans autorisation.
Selon le magazine « Irrawaddy », de jeunes militants de la LND avaient publié et distribué un bulletin intitulé « Ah-yoan-thit » (L’aube) qui comportait des articles sur les manifestations de septembre 2007 et l’arrestation de militants de leur parti.
Depuis le début des années 1990, la junte militaire a refusé toute licence de publication à la LND. A plusieurs reprises, Aung San Suu Kyi avait elle même demandé l’autorisation de publier un journal.
Environ 150 hebdomadaires et 80 magazines sont édités en Birmanie. La majorité d’entre eux ne couvre pas l’actualité politique. En revanche, tous doivent se soumettre à la censure préalable des autorités. Mais selon certains témoignages, la corruption rampante au sein du Bureau de la censure permet parfois à certaines publications de publier des informations normalement censurées.