RSF demande la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes Ali Abdallah et Kamal Cheikhou, ainsi que l'abandon des poursuites à l'encontre de Souhayla Ismaïl et Bassem Ali
(RSF/IFEX) – En contradiction avec les discours officiels sur la libéralisation du régime à la veille du dixième anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad, les journalistes syriens et défenseurs des droits de l’homme continuent d’être les cibles du pouvoir.
Reporters sans frontières demande la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes Ali Abdallah et Kamal Cheikhou, ainsi que l’abandon des poursuites à l’encontre de Souhayla Ismaïl et Bassem Ali.
Kamal Cheikhou ben Hussein a été arrêté et incarcéré le 25 juin 2010 alors qu’il tentait d’entrer au Liban avec le passeport de son frère. Auteur de nombreuses publications en ligne sur le site All4Syria, il est interdit de sortie du territoire par les autorités syriennes.
Militant syrien des droits de l’homme, Kamal Cheikhou avait été arrêté une première fois le 17 avril 2007, sans mobile si ce n’est son militantisme en faveur des droits de l’homme en Syrie. Placé en cellule d’isolement, il avait été libéré le 24 février 2007. Membre du Comité de soutien aux libertés démocratiques et aux droits de l’homme en Syrie, il est actuellement étudiant en troisième année au département de Lettres et de Sciences humaines de l’université de Damas.
Souhayla Ismaïl et Bassem Ali ont été inculpés pour « résistance à l’ordre socialiste » et entendus pour la seconde fois en dix jours par le tribunal de première instance de Homs, le 13 avril 2010.
Leur inculpation fait suite à la publication, il y a cinq ans, de deux reportages faisant état de graves problèmes de corruption et de détournement de fonds par le directeur de Al-Asmida, entreprise publique d’engrais dans le nord du pays. Elle survient près de quatre ans après la conversion du régime à l’économie de marché capitaliste et son intégration au commerce international, sur fond de rhétorique officielle de libéralisation des droits politiques et de démocratisation du régime.
La Constitution demeurant inchangée et l’article 1/15 de la loi sur les sanctions économiques étant toujours en vigueur, la loi permet toujours d’inculper tout opposant pour dissidence avec le régime socialiste.
En outre, les autorités syriennes ont décidé de maintenir en détention l’écrivain et journaliste Ali Abdallah et de le poursuivre pour « publication de fausses informations dans le but de porter atteinte à l’État ». Il devait être libéré le 16 juin 2010, au terme de ses deux ans et demi de détention. Le 19 avril 2010, le journaliste avait été entendu par la Cour suprême de sécurité de l’État suite à la publication, depuis sa cellule, d’un article critiquant un principe religieux en vigueur en Iran. Cette nouvelle affaire est d’autant plus inquiétante qu’elle montre qu’il est dangereux pour les journalistes non seulement de critiquer le régime, mais également ses alliés.