(RSF/IFEX) – Le 10 août 2002, Djamel Noun, caricaturiste du quotidien arabophone « El Youm », est reparu après avoir disparu pendant quelques jours suite à des menaces proférées à son encontre par des employés de ENTV (Entreprise Nationale de la Télévision), la télévision publique algérienne. « C’est la deuxième fois en un mois que des citoyens se […]
(RSF/IFEX) – Le 10 août 2002, Djamel Noun, caricaturiste du quotidien arabophone « El Youm », est reparu après avoir disparu pendant quelques jours suite à des menaces proférées à son encontre par des employés de ENTV (Entreprise Nationale de la Télévision), la télévision publique algérienne.
« C’est la deuxième fois en un mois que des citoyens se sentant diffamés décident de se faire justice eux-mêmes en menaçant un journaliste. Ce grave dérapage renforce l’Etat de non-droit et vide de toute signification la notion de liberté de la presse en Algérie », a commenté Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « L’organisation s’inquiète de la multiplication par les citoyens de gestes d’intimidation à l’égard des journalistes et demande aux autorités algériennes de mettre rapidement un terme à la logique d’impunité qui se développe dans le pays », a-t-il ajouté.
Le 10 août, Noun est réapparu après trois jours de silence, et a expliqué au quotidien « El Djil » les raisons qui ont motivé sa décision. Le caricaturiste a déclaré avoir été obligé de modifier son lieu de résidence en raison des menaces proférées par les employés de ENTV après que le quotidien « El Youm » a publié, le 7 août, une de ses caricatures qui brocardait les méthodes de recrutement de la télévision publique. « Tout le monde les a entendu dire qu’ils connaissaient mon lieu de résidence et qu’ils étaient décidés à ‘en finir’ avec moi », a-t-il ajouté, faisant allusion au rassemblement, le 7 août, des employés de la télévision algérienne devant le bureau d' »El Youm ».
Par ailleurs, le caricaturiste a affirmé que la télévision algérienne avait lancé, sous les ordres de Djamel Mâafa, président du syndicat de la télévision, une campagne de dénigrement à son encontre en le qualifiant de « terroriste » et en le mettant sur le même plan que le chef du Groupe islamique armé (GIA), Antar Zouabri.
Le 7 août, vers 16h00 (heure locale), plusieurs dizaines de travailleurs de ENTV s’étaient rassemblés devant le siège d' »El Youm », à la maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger. Ils souhaitaient protester contre la publication d’une caricature parue le jour même dans le quotidien. Celle-ci se moquait de la façon dont les femmes étaient recrutées au sein de la télévision d’Etat. Selon des témoins, les hommes, très énervés, voulaient pénétrer de force dans les locaux du journal. Refusant la proposition de la direction d' »El Youm » de recevoir une délégation de trois personnes, le groupe aurait insulté les journalistes du quotidien et menacé Noun. Par ailleurs, plusieurs employés auraient déclaré aux journalistes qui se trouvaient sur place que, s’ils pénétraient dans les locaux du quotidien, ils « saccageraient tout » et qu’il se réservait le droit de poursuivre en justice « les responsables » du journal.
Le 30 juillet, le quotidien avait été condamné à 210 000 dinars (environ 2 635 $US ; 2 673 euros) de dommages et intérêts suite à une plainte de l’ENTV. La télévision avait porté plainte pour « diffamation » contre « El Youm » après que Redouane Boudjemâa avait publié une enquête sur la gestion de la télévision où il était notamment question de détournement d’argent.