(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète de la multiplication des poursuites intentées par Iurie Rosca, leader du Parti populaire chrétien-démocrate (droite populiste) et nouvellement élu vice-président du parlement moldave, contre des médias. « Les poursuites judiciaires intentées par Iurie Rosca à l’encontre de la presse indépendante constituent une menace certaine à la liberté de la presse dans le […]
(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète de la multiplication des poursuites intentées par Iurie Rosca, leader du Parti populaire chrétien-démocrate (droite populiste) et nouvellement élu vice-président du parlement moldave, contre des médias.
« Les poursuites judiciaires intentées par Iurie Rosca à l’encontre de la presse indépendante constituent une menace certaine à la liberté de la presse dans le pays. Il ne faudrait pas que les dirigeants moldaves prennent l’habitude de porter plainte dès qu’un média se montre critique envers le pouvoir. Le pays a fait preuve ces derniers mois de sa volonté de se rapprocher de l’Union européenne, et par conséquent de ses standards juridiques en matière de presse. Le vice-président du Parlement devrait donc cesser de poursuivre systématiquement les journaux critiques à son égard », a déclaré l’organisation.
Le 25 avril 2005, le leader du Parti populaire chrétien-démocrate a déposé plainte contre le trihebdomadaire « Timpul de dimineata » pour atteinte à « son honneur, sa dignité et sa réputation professionnelle ». Il réclame près de 50 000 euros (environ 64 300 $US) au journal. Le 6 avril, « Timpul de dimineata » (journal populaire de langue roumaine tirant à 19 000 exemplaires) avait publié un article, sous le titre « Iurie Rosca et Oleg Serebrian », contenant des passages du « Livre noir de la corruption ». Cet ouvrage, dénigrant ouvertement la coalition électorale « Moldavie démocratique » dont fait partie Serebrian, a été imprimé, selon « Timpul de dimineata », par Prag 3, maison d’édition appartenant à Rosca. Ce dernier a démenti et accusé le trihebdomadaire de diffamation.
La semaine précédente, Rosca avait porté plainte contre le « Jurnal de Chisinau » (bihebdomadaire de langue roumaine, 10 000 exemplaires) pour avoir également blessé « son honneur et sa dignité ». Le nouveau vice-président du Parlement reproche à Val Butnaru, du « Jurnal de Chisinau », le contenu de son éditorial du 29 mars intitulé « Le Roi est nu ». Le journaliste y parlait d’un certain « Maître » et de ses revirements politiques aux seules fins électoralistes. Rosca s’est senti visé. Son parti et son journal « Flux » se situaient dans l’opposition ces dernières années. En mars, après les législatives, il a négocié avec le parti communiste, ce qui lui a ainsi permis de devenir vice-président du Parlement. Or Butnaru a expliqué dans un autre éditorial qu’il ne parlait pas exclusivement de Rosca mais que le « Maître », figure populaire moldave, représentait les hommes politiques en général. Il n’empêche, le nouveau vice-président du Parlement a réclamé environ 62 000 euros (79 700 $US) au « Jurnal de Chisinau » et près de 31 000 euros (39 850 $US) à Butnaru en dommages et intérêts.
D’après une étude réalisée en 2004 par cinq ONG locales de défense de la liberté de la presse, Rosca est l’homme politique moldave qui poursuit le plus fréquemment les médias, avec pas moins d’une dizaine de plaintes déposées entre 1998 et 2003 pour « insulte à son honneur et à sa dignité ».