"Dans un climat de confusion où les informations sont difficilement vérifiables, les suspension et perturbation de l'activité des médias sont malheureusement de nature à alimenter rumeurs et désinformation", a déclaré RSF.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières redoute que la bataille d’Abidjan ne sème son lot d’exactions et de massacres. L’organisation appelle à la protection des populations civiles et espère une paix rapide en Côte d’Ivoire. Dans un climat de confusion où les informations sont difficilement vérifiables, l’organisation prévient contre tout risque de règlement de compte au sein de la presse ivoirienne, polarisée à l’extrême. Les suspension et perturbation de l’activité des médias sont malheureusement de nature à alimenter rumeurs et désinformation.
Les Forces républicaines d’Alassane Ouattara ont annoncé avoir pris le contrôle de la Radio-Télévision ivoirienne (RTI) dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2011. Depuis lors, le signal de la chaîne est coupé.
Conséquence du chaos qui règne dans la capitale économique ivoirienne, aucun journal n’a été publié ni distribué ce 1er avril 2011.
La situation que vit le pays donne lieu à une série de rumeurs, de contre-informations et de déclarations propagandistes. Le 1er avril, à 5 heures du matin, le blog de Laurent Gbagbo publiait la brève suivante : « Gbagbo apparaît sur la RTI, en forme. Au moment où des rumeurs folles entretenues par les terroristes de Ouattara annoncent le pouvoir d’Abidjan à terre, les ivoiriens ont découvert hier, en sa résidence grâce à la RTI, le Président de la République, Laurent Gbagbo. Tout décontracté, le chef de l’Etat était entouré de ses collaborateurs, connaissances et des membres de sa famille. Le président échangeait dans la bonne humeur avec les uns et les autres. Alors que la presse dite internationale se délectait de catastrophisme sur son pouvoir. »
Le 31 mars, tôt le matin, les portes de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) ont été ouvertes, entraînant la libération des détenus. Parmi eux figuraient les deux journalistes de Télé Notre Patrie (TVNP), Abou Sanogo et Gnahoré Charly. Ce dernier a déclaré : « Je suis sorti de la Maca depuis 7h50. Tous les prisonniers de la Maca sont sortis aussi » ( . . . ) Nous étions dans nos cellules quand nous avons entendu des tirs vers 6h30. Les tirs ont duré jusqu’à 7h10. Après, nous avons entendu des cris de joie. Nous sommes descendus et là on a vu que les portes de la prison étaient ouvertes. On ne s’est pas posé de question, on est sorti ».
« Depuis hier (mercredi) soir, il n’y avait plus de garde à la prison. Une fois dehors, ce sont les éléments du ‘commando invisible’ que nous avons vus, pas de FDS (Forces de défense et de sécurité, loyales au président sortant Laurent Gbagbo) dans les alentours ».