(RSF/IFEX) – Dans la nuit du 14 au 15 août 2004, vers 3h00 du matin (heure locale), le domicile du correspondant de la radio britannique BBC, Ebrahima Sillah, a été la cible d’un incendie criminel, ne faisant aucun blessé mais beaucoup de dégats matériels. « Cet événement est loin d’être un cas isolé. Ce mode opératoire […]
(RSF/IFEX) – Dans la nuit du 14 au 15 août 2004, vers 3h00 du matin (heure locale), le domicile du correspondant de la radio britannique BBC, Ebrahima Sillah, a été la cible d’un incendie criminel, ne faisant aucun blessé mais beaucoup de dégats matériels.
« Cet événement est loin d’être un cas isolé. Ce mode opératoire est utilisé couramment par les ennemis de la liberté de la presse en Gambie. Le bihebdomadaire indépendant « The Independent » a été victime de deux attaques similaires ces derniers mois, sans que les autorités aient montré la moindre volonté de retrouver les coupables. Si cette impunité perdure, les conséquences risquent d’être beaucoup plus lourdes », a déclaré RSF.
« La lettre, adressée la veille de l’attentat au syndicat des journalistes privés gambien, la Gambia Press Union (GPU), se voulait un avertissement à tous les médias privés du pays. Nous craignons que cet acte criminel soit le premier d’une longue série », a ajouté l’organisation.
Dans la nuit du 14 au 15 août, les assaillants de Sillah ont brisé les fenêtres du salon pour y verser de l’essence, avant d’y mettre le feu et de s’enfuir.
Le 13 août, le syndicat des journalistes GPU avait reçu une lettre anonyme, titrée « Vos écrits contre le président Yahya Jammeh et la Gambie en général ». Les auteurs y accusaient la presse indépendante d’être composée d' »agents de l’ouest » et de dénigrer la politique du gouvernement de Jammeh. Ils annonçaient leur intention de donner une « bonne leçon » à l’un de ces journalistes et concluaient sur cette funeste phrase : « Nous sommes sûrs que vous ne voulez pas voir vos cadavres jetés aux chiens et aux vautours ».
Bien que ce courrier ne soit pas signé, beaucoup y voient la marque des « Green Boys » (en référence à la couleur verte du parti au pouvoir, l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotique, APRC). Ce groupe avait adressé un courrier, le 13 janvier, à Alagi Yorro Jallow, directeur du bihebdomadaire « The Independent », le menaçant de le tuer et de détruire son journal (consulter l’alerte de l’IFEX du 21 janvier 2004). Trois mois plus tard, jour pour jour, son imprimerie était victime d’un incendie criminel (consulter l’alerte du 13 avril 2004). Les « Green Boys » reprochaient au journal sa couverture du procès de Baba Jobe, porte-parole de l’APRC à l’Assemblée nationale, poursuivi pour évasion fiscale.