(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Rachid Ould Saleh, RSF a protesté contre l’interdiction, faite à Mohammed Lemine Ould Bah, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et Radio Monte Carlo Moyen-Orient (RMC Moyen-Orient) à Nouakchott, de travailler pour ces deux radios. « Au-delà des problèmes […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Rachid Ould Saleh, RSF a protesté contre l’interdiction, faite à Mohammed Lemine Ould Bah, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et Radio Monte Carlo Moyen-Orient (RMC Moyen-Orient) à Nouakchott, de travailler pour ces deux radios. « Au-delà des problèmes constants de censure et d’autocensure que rencontrent les médias mauritaniens, il est très inquiétant de constater que, désormais, les autorités mauritaniennes sanctionnent, de façon totalement arbitraire, un correspondant de médias étrangers. Nous vous demandons de revenir sur cette décision qui ne se justifie en aucune façon », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation a rappelé qu’en novembre 2000, les autorités mauritaniennes avaient interdit à RFI et RMC Moyen-Orient de diffuser leurs programmes en FM.
Selon les informations recueillies par RSF, le 5 avril 2001, Mohammed Lemine Ould Bah a été convoqué par le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Rachid Ould Saleh, peu après la diffusion de son sujet sur RFI consacré à la visite du président mauritanien, Maaouiya Sid’Ahmed Ould Taya, au Sénégal. Le journaliste y avait évoqué le réchauffement des relations entre la Mauritanie et le Sénégal due, selon lui, au fait que la Mauritanie pourrait bientôt constituer un exportateur de pétrole intéressant pour le Sénégal. « Cela fait un certain temps que vos sujets portent atteinte aux intérêts de la Mauritanie », a poursuivi le ministre, en mentionnant un autre reportage du journaliste consacré à la dissolution du principal parti d’opposition, l’Union des Forces démocratiques – Ere Nouvelle, le 28 octobre. Rachid Ould Saleh a déclaré au journaliste qu’il n’était désormais plus autorisé à travailler pour RFI et RMC Moyen-Orient. Dans une interview téléphonique accordée à RSF, Mohammed Lemine Ould Bah a évoqué un éventuel exil s’il se trouvait « dans l’impossibilité totale d’exercer son métier ». Le journaliste qui travaille pour RFI et RMC Moyen-Orient depuis respectivement 1996 et 1993 est également correspondant, à Nouakchott, de la chaîne de télévision émiratie, Abou Dhabi TV. Dans un communiqué daté du 10 avril, le Président-directeur général de RFI, Jean-Paul Cluzel, a déclaré que les deux radios allaient « entreprendre les démarches appropriées auprès des autorités mauritaniennes pour rétablir un fonctionnement normal de leur antenne et la possibilité pour leur correspondant d’exercer son travail ».
Le 21 novembre, l’émission des programmes de RFI en FM avait été interrompue. Les autorités mauritaniennes avaient accusé la radio, dans sa couverture du conflit israélo-palestinien, « d’inciter la population à la révolte ». Le 19 novembre, l’émission de RFI « Le débat africain » avait donné la parole à un représentant du parti au pouvoir en Mauritanie et à deux autres de l’opposition, exilés en France. Les deux opposants avaient notamment dénoncé les liens étroits entre le régime de Nouakchott et Israël.