(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète de l’enlèvement à Chengdu (capitale du Sichuan) du célèbre cyberdissident Huang Qi, 44 ans, fondateur du site Internet http://www.64tianwang.com . Le 10 juin 2008, vers 19 heures (heure locale), trois personnes l’ont fait monter de force dans une voiture avec deux autres activistes. La police de la ville dit ne pas […]
(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète de l’enlèvement à Chengdu (capitale du Sichuan) du célèbre cyberdissident Huang Qi, 44 ans, fondateur du site Internet http://www.64tianwang.com . Le 10 juin 2008, vers 19 heures (heure locale), trois personnes l’ont fait monter de force dans une voiture avec deux autres activistes. La police de la ville dit ne pas être au courant de leur sort. Cet enlèvement, qui ressemble fortement à une arrestation par des agents du Bureau de la Sécurité publique, pourrait être lié à l’interpellation, la veille, du professeur Zheng Hongling, qui avait publié une série d’articles traitant du séisme au Sichuan sur un site Internet basé aux Etats-Unis.
« Un mois jour pour jour après le séisme qui a touché la région du Sichuan, l’enlèvement de Huang Qi et de ces deux activistes, montre que la répression envers les défenseurs de la liberté d’expression continue. Nous demandons aux autorités d’ouvrir une enquête pour savoir où se trouvent les trois hommes et les libérer dans les plus brefs délais. Nous exprimons également notre soutien à Zheng Hongling. Dans les trois articles qu’elle a publiés, elle ne fait qu’user de son droit à la liberté d’expression en critiquant la gestion du séisme par les autorités de Mianyang, la ville dans laquelle elle résidait. Nous demandons sa libération immédiate », a déclaré l’organisation.
D’après le rédacteur en chef du site http://www.64tianwang.com , Zhang Guo Ting, il est possible que tout ceci soit lié au dernier article que Huang Qi a publié sur Internet concernant l’arrestation d’une professeure retraitée de l’Université de Technologie du Sud-Ouest, Zheng Hongling, 53 ans, pour « divulgation d’informations à l’étranger ».
Rescapés du séisme qui a touché la région du Sichuan, Zheng Hongling et son mari ont trouvé refuge chez un ami, Huang Shaopu, à Chengdu, depuis le 12 mai. Les 23, 25 et 27 mai, elle a publié une série de trois articles sur le site Internet chinois « Observe China », hébergé aux Etats-Unis, intitulée: « Récits de mes aventures durant le tremblement de terre ». Zheng Hongling a été inculpée le 9 juin, pour avoir publié ces articles reprochant aux autorités de ne pas laisser les organisations privées faire leur travail. Elle est actuellement détenue à la prison de Mianyang. Huang Shaopu a également été interrogé par la police car les articles étaient publiés depuis son ordinateur mais il avait déclaré ne pas savoir qu’ils étaient destinés à une publication.
Depuis le séisme, sur http://www.64tianwang.com , Huang Qi critiquait notamment l’organisation de l’aide humanitaire. Le 20 mai, il avait déclaré: « Les reportages que nous voyons sont biaisés. En réalité, il est très difficile pour les organisations privées de délivrer de l’aide alimentaire. Elles sont obligées de passer par le canal des autorités. Peu importe la manière avec laquelle le gouvernement sert sa propagande et s’érige en sauveteur, peu de citoyens ont confiance en lui en raison des scandales de corruption qui ont déjà eu lieu par le passé lors de telles catastrophes. »
De 2000 à 2005, Huang Qi a été détenu à la prison de haute sécurité de Nanchong pour « subversion. » Il avait été arrêté le 3 juin 2000, la veille du onzième anniversaire du massacre de la place Tiananmen (4 juin 1989), et inculpé en vertu des articles 103 et 105 du code pénal. Les autorités lui avaient reproché la publication d’articles sur le massacre, écrits par des dissidents basés à l’étranger. Il souffre depuis de problèmes de santé assez graves en raison des violences qu’il a subies en prison.
A l’origine, Huang Qi avait créé un site pour diffuser des avis de recherche de personnes disparues en Chine. En 2004, RSF lui avait décerné le Prix « Cyberlibertés » pour le combat qu’il menait en faveur de la liberté d’expression et de la défense des droits de l’homme sur Internet.
Par ailleurs, le 12 juin, la police a expulsé une dizaine de journalistes étrangers d’un quartier de Dujiangyan, a rapporté l’Agence France-Presse qui comptait deux de ses employés dans le groupe. Les reporters tentaient de faire une enquête sur l’une des écoles qui s’est effondrée le 12 mai. Des journalistes ont également été malmenés et du matériel professionnel a été endommagé par des policiers. « On assiste à une véritable chasse aux représentants de la presse. La police et l’armée bloquent les voies d’accès et fouillent tous les véhicules », a affirmé Tom Van de Weghe, correspondant en Chine de la radiotélévision belge VRT, qui a été interpellé à Dujiangyan et à Juyan. Les autorités du Sichuan avaient pourtant renouvelé, la veille, les accréditations accordées à la presse pour se rendre dans les zones affectées par le séisme.
Pour des informations complémentaires sur le harcèlement antérieur de Huang Qi, cliquer ici:
http://ifex.org/fr/content/view/full/79345
http://ifex.org/fr/content/view/full/61780