(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières déplore la conclusion du procès intenté contre Abdel Fettah Ould Abeidna, directeur de publication du périodique privé « Al-Aqsa », condamné le 7 novembre 2007 à un an de prison ferme pour « dénonciation calomnieuse » envers un homme d’affaires qu’il avait accusé sans preuves d’être « un trafiquant de drogue ». « De bout en bout, […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières déplore la conclusion du procès intenté contre Abdel Fettah Ould Abeidna, directeur de publication du périodique privé « Al-Aqsa », condamné le 7 novembre 2007 à un an de prison ferme pour « dénonciation calomnieuse » envers un homme d’affaires qu’il avait accusé sans preuves d’être « un trafiquant de drogue ».
« De bout en bout, cette affaire a été traitée maladroitement et se conclut par un verdict liberticide et contre-productif. Malgré les appels répétés d’une partie des directeurs de journaux de Nouakchott, le problème posé par la presse mercenaire mauritanienne n’a jamais été abordé de manière sérieuse par les autorités. Aujourd’hui, celles-ci doivent, par conséquent, assumer le fait qu’un homme diffamé se retrouve accusé d’être un persécuteur, qu’un prisonnier potentiel puisse bientôt devenir un fardeau embarrassant et que l’image du pays soit écornée », a déclaré l’organisation.
Le 7 novembre, le tribunal correctionnel de Nouakchott a condamné Abdel Fettah Ould Abeidna à un an de prison ferme, 50 000 ouguiyas (environ 170 euros) d’amende et 300 millions d’ouguiyas (environ un million d’euros) de dommages et intérêts. Le directeur du quotidien « Al-Aqsa », qui avait été arrêté le 24 mai et remis en liberté provisoire quatre jours plus tard, avait d’abord été poursuivi pour « diffamation », en vertu de la loi sur la presse, mais la Cour suprême a requalifié ce motif en « dénonciation calomnieuse », sanctionnée par le code pénal. Le procureur avait requis l’application des peines prévues par la loi, sans autre précision. En droit mauritanien, la « dénonciation calomnieuse » est punie de cinq mois à deux ans de prison, en vertu de l’article 348 du code pénal.
Le PDG de la Générale de banque de Mauritanie et ancien président du patronat, Mohamed Ould Bouamatou avait porté plainte contre « Al-Aqsa », après que le journal l’eut mis en cause nommément, en accompagnant les accusations d’une photographie, dans une affaire de trafic international de cocaïne. Selon des journalistes mauritaniens, les articles attaquant Mohamed Ould Bouamatou avaient été commandés et payés par un clan rival pour disqualifier l’homme d’affaires.
Abdel Fattah Ould Abeidna, qui se trouve actuellement hors de Mauritanie, a décidé de faire appel de sa condamnation.