(RSF/IFEX) – Le ministre de la Pêche, Mahinda Wijeskera, a menacé de mort Lasantha Wickrematunga, directeur de l’hebdomadaire « The Sunday Leader », à qui il reproche d’avoir publié une série d’articles l’impliquant dans une affaire de corruption. Wijeskera s’est publiquement réclamé de l’autorité du chef du gouvernement pour menacer le journaliste. RSF condamne fermement ces menaces […]
(RSF/IFEX) – Le ministre de la Pêche, Mahinda Wijeskera, a menacé de mort Lasantha Wickrematunga, directeur de l’hebdomadaire « The Sunday Leader », à qui il reproche d’avoir publié une série d’articles l’impliquant dans une affaire de corruption. Wijeskera s’est publiquement réclamé de l’autorité du chef du gouvernement pour menacer le journaliste.
RSF condamne fermement ces menaces et demande au Premier ministre sri lankais Ranil Wickremesinghe de clarifier sa position dans cette affaire. « Nous vous prions de bien vouloir intervenir personnellement pour désavouer votre ministre, qui se réclame de votre soutien, et le rappeler à l’ordre », a écrit RSF dans une lettre adressée au chef du gouvernement. L’organisation considère que le ministre a tout à fait le droit de poursuivre le journaliste en justice s’il a des preuves pour démontrer qu’il a été diffamé, mais ce genre de menaces, dans l’enceinte du Parlement, sont une offense grave à la crédibilité du gouvernement en matière de respect de la liberté de la presse.
Le 27 juillet 2003, le magazine d’information « The Sunday Leader » a révélé que le ministre de la Pêche avait menacé, devant témoins, de tuer Wickrematunga, directeur du l’hebdomadaire. Le ministre de la Gestion de l’eau, Lakshman Seneviratne, présent lors de cet incident, a confirmé cette information à RSF. Selon « The Sunday Leader », Wijeskera a déclaré qu’il souhaitait « enfermer le journaliste dans une pièce et le faire tuer avec un poignard ou une arme à feu ». Le ministre de la Pêche a également prétendu détenir l’aval tacite du Premier Ministre. Encore selon l’hebdomadaire, le ministre a affirmé avoir fait partie, sous le gouvernement précédent, d’un groupe qui aurait organisé à trois reprises des assassinats de journalistes, dont l’un s’est concrétisé. En effet, Rohana Kumara, directeur du « Satana », avait été tué, en 1999, lors du gouvernement de l’actuelle présidente, Chandrika Kumaratunga (consulter des alertes de l’IFEX du 5 novembre 2001, 6 janvier 2000, 10 et 8 septembre 1999).
Si le ministre confirme ces propos, RSF demande à Wickremesinghe de créer une commission d’enquête parlementaire sur l’existence d’un tel groupe qui aurait planifié des assassinats de journalistes sous le précédent gouvernement.
Depuis 1995, Wickrematunga, dont la publication se distingue par son franc-parler et ses investigations sur le terrain des affaires, a été l’objet à plusieurs reprises d’intimidations ou de plaintes pour « diffamation » (consulter des alertes du 5 septembre 2000, 18 juin 1998, 15 septembre et 9 février 1995). En 2000, « The Sunday Leader » a été suspendu pour sept semaines par le gouvernement (consulter l’alerte du 22 mai 2000).