(RSF/IFEX) – Abdoulaye Tiémogo, le directeur de publication de l’hebdomadaire satirique « Le Canard déchaîné », a été arrêté le 18 juin 2002 suite à une plainte du Premier ministre, Hama Amadou, pour « diffamation ». RSF a demandé au chef du gouvernement de retirer sa plainte et de faire en sorte que le journaliste soit libéré immédiatement. « Depuis […]
(RSF/IFEX) – Abdoulaye Tiémogo, le directeur de publication de l’hebdomadaire satirique « Le Canard déchaîné », a été arrêté le 18 juin 2002 suite à une plainte du Premier ministre, Hama Amadou, pour « diffamation ». RSF a demandé au chef du gouvernement de retirer sa plainte et de faire en sorte que le journaliste soit libéré immédiatement.
« Depuis octobre 2001, Abdoulaye Tiémogo a été arrêté trois fois et a passé presque deux mois derrière les barreaux. A chaque fois, un membre du gouvernement est à l’origine des poursuites », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation a demandé au Premier ministre de montrer son engagement en faveur de la liberté de la presse, en rappelant ses ministres à l’ordre, qui « s’acharnent à réduire au silence un journaliste d’investigation particulièrement critique à leur égard ». Ménard a rappelé que « la détention en tant que sanction du délit de diffamation constitue une violation grave des droits de l’homme ».
D’après les informations recueillies par RSF, Tiémogo a été placé en garde à vue, le 18 juin en fin d’après-midi, par la police judiciaire de Niamey. Le Premier ministre a porté plainte contre Tiémogo, après s’être senti « diffamé et injurié » par trois articles très critiques publiés dans la dernière édition du « Canard déchaîné ». Le journaliste accusait notamment Amadou de vouloir corrompre le président de l’Assemblée nationale pour conserver son fauteuil de Premier ministre.
Il y a tout juste un mois, Tiémogo, avait été incarcéré pendant deux semaines, avant d’être relaxé, suite à une plainte de Amadou. Il avait été placé en garde à vue le 17 mai, une semaine après avoir animé un débat sur la station privée Tambara FM, au cours duquel Sanoussi Jackou, président d’une petite formation d’opposition, le Parti Nigérien pour l’autogestion (PNA), avait accusé le Premier ministre d’exercer une discrimination ethnique et régionaliste dans la nomination des hauts fonctionnaires de l’État. Jackou avait également été arrêté avec le directeur de publication de son journal, « La Roue de l’histoire », Abarad Mouddour Zakara, suite à une plainte pour « diffamation » du ministre du Commerce. Le 29 mai, ils avaient été libérés après avoir été condamnés à quatre mois de prison avec sursis et à une amende de 100 000 francs CFA (environ 147 $US ; 153 euros) (consulter des alertes de l’IFEX des 30 et 23 mai 2002).
Le 19 octobre 2001, Tiémogo, avait été condamné à six mois de prison pour « diffamation » par le tribunal de première instance de Niamey. Le ministre de l’Agriculture, Wassalké Boukari, avait porté plainte contre « Le Canard Déchaîné » suite à la parution d’un article affirmant que le ministre avait détourné 200 millions de francs CFA (environ 294 000 $US ; 305 000 euros) d’une zone aurifère dans l’ouest du pays. A l’ouverture du procès en appel, le 7 décembre, le ministre avait retiré sa plainte, et le journaliste avait été libéré (consulter des alertes de l’IFEX du 12 décembre et 19 octobre 2001).