(RSF/IFEX) – R. R. Gopal, directeur du magazine en tamoul « Nakkheeran », a été arrêté le 11 avril 2003 dans la ville de Chennai (État du Tamil Nadu, sud-est de l’Inde). La police l’accuse de « détention illégale d’armes à feu » et de « sédition ». Mais, cette interpellation fait suite à une longue campagne de harcèlement contre Gopal […]
(RSF/IFEX) – R. R. Gopal, directeur du magazine en tamoul « Nakkheeran », a été arrêté le 11 avril 2003 dans la ville de Chennai (État du Tamil Nadu, sud-est de l’Inde). La police l’accuse de « détention illégale d’armes à feu » et de « sédition ». Mais, cette interpellation fait suite à une longue campagne de harcèlement contre Gopal et sa rédaction pour les punir notamment de leurs enquêtes sur l’affaire Veerappan, un célèbre bandit que les forces de sécurité cherchent à appréhender depuis plusieurs années.
RSF considère qu’à travers cette arrestation, les forces de sécurité tentent de faire des journalistes du Tamil Nadu les boucs émissaires de leur propre incapacité à stopper la bande de Veerappan. RSF a demandé au chef du gouvernement du Tamil Nadu, Selvi J. Jayalalithaa, la libération immédiate et sans condition de Gopal et la levée des charges qui pèsent contre lui. L’organisation rappelle que Sivasubramanian, journaliste de « Nakkheeran », est emprisonné depuis novembre 2001, dans l’État voisin du Karnataka, pour complicité supposée avec la bande de Veerappan.
Le 11 avril, aux alentours de 21h00 (heure locale), des hommes en civil de la section criminelle de la police du Tamil Nadu ont interpellé Gopal alors qu’il sortait de son bureau dans le quartier de Triplicane (Chennai). Les policiers auraient trouvé sur le journaliste un pistolet et des tracts de l’Armée de libération du Tamil Nadu (mouvement séparatiste interdit). Le journaliste a été placé en état d’arrestation dans le bâtiment de la section criminelle pour « détention illégale d’armes à feu » et « sédition ». Il a été interrogé toute la nuit. Des dizaines de journalistes se sont vu refuser l’accès au bâtiment. La police n’a pas répondu aux questions de la presse, provoquant des manifestations spontanées de journalistes. Le lendemain, un magistrat a placé Gopal en détention jusqu’au 25 avril à la prison centrale de Chennai.
Au même moment, deux députés d’opposition ont été arrêtés pour avoir détourné avec Gopal une rançon rassemblée en 2000 pour obtenir la libération d’une star du cinéma indien, à l’époque détenue par Veerappan. Ces accusations de détournement sont contenues dans un livre publié récemment par un ancien chef de la police du Tamil Nadu.
Poursuivi dans une demi-douzaine d’affaires, Gopal a été interrogé à plusieurs reprises par les forces de l’ordre et a fait l’objet d’un mandat d’arrêt en février dernier, pour son implication supposée dans deux meurtres attribués à Veerappan. En mars, il avait bénéficié d’une liberté provisoire anticipée de la part de la Haute Cour de Chennai.
Le bihebdomadaire « Nakkheeran » est connu pour avoir révélé des scandales impliquant le premier gouvernement de Jayalalithaa, au début des années 1990.