(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la libération d’Abdel Fettah Ould Ebeidna, directeur de publication du quotidien arabophone « Al-Aqsa », incarcéré à la prison civile de Nouakchott depuis le 24 mai 2007, suite à la plainte pour « diffamation » d’un homme d’affaires. « L’incarcération d’Abdel Fettah Ould Ebeidna est un signal très négatif envoyé à la presse mauritanienne, […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la libération d’Abdel Fettah Ould Ebeidna, directeur de publication du quotidien arabophone « Al-Aqsa », incarcéré à la prison civile de Nouakchott depuis le 24 mai 2007, suite à la plainte pour « diffamation » d’un homme d’affaires.
« L’incarcération d’Abdel Fettah Ould Ebeidna est un signal très négatif envoyé à la presse mauritanienne, alors que le pays est confronté à un scandale politico-mafieux de grande envergure. Avant la transition, l’incarcération des journalistes était un préalable systématique à toute affaire de presse. Or, la loi a précisement été réformée pour mettre fin à ce genre de pratiques et donner des réponses adaptées aux éventuels cas de diffamation. On ne peut s’empêcher de penser que l’incarcération de notre confrère est le résultat d’un règlement de comptes politique », a déclaré l’organisation.
Abdel Fettah Ould Ebeidna a été convoqué au commissariat de police, le 24 mai en fin de journée, sur ordre du juge Mohamed Mahmoud Ould Talhata qui instruit une plainte en diffamation portée contre « Al-Aqsa » par l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouammatou. Dans son édition du 16 mai, le quotidien avait mis ce dernier en cause dans une vaste affaire de trafic de cocaïne découvert dans la nuit du 1er au 2 mai par la police à Nouadhibou (Nord), et impliquant le fils d’un ancien président mauritanien, un homme politique et plusieurs fils de notables. L’article, mêlant des affirmations peu étayées et des informations au conditionnel, affirmait notamment que Mohamed Ould Bouammatou avait été inculpé dans l’affaire. Après avoir été entendu, le journaliste a été transféré à la prison civile de Nouakchott, où il est détenu depuis.
Depuis la réforme de la législation sur la presse en Mauritanie, en 2005 et 2006, les délits de « diffamation » ou de « publication de fausses nouvelles » ne sont plus passibles de peines de prison ferme. Par ailleurs, une Haute Autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPPA) a été mise en place pour réguler le secteur des médias.