(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce l’incarcération, depuis le 29 juin 2006, de Moustapha Sow, directeur de publication du quotidien privé « L’Office », condamné à une peine de six mois de prison ferme pour « diffamation » à l’encontre d’un homme d’affaires. « Au Sénégal, comme ailleurs, les crises politiques font toujours payer le prix fort aux journalistes, lorsque […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce l’incarcération, depuis le 29 juin 2006, de Moustapha Sow, directeur de publication du quotidien privé « L’Office », condamné à une peine de six mois de prison ferme pour « diffamation » à l’encontre d’un homme d’affaires.
« Au Sénégal, comme ailleurs, les crises politiques font toujours payer le prix fort aux journalistes, lorsque les lois sur les délits de presse sont inadaptées. Avec l’incarcération de Moustapha Sow, nous avons une preuve supplémentaire qu’une mauvaise loi crée des injustices. Car jeter un homme de presse en prison, sous le prétexte d’avoir été prétendument diffamé, ne répare aucun préjudice et ne sert qu’à assouvir une vengeance personnelle », a déclaré Reporters sans frontières.
Moustapha Sow a été mis en état d’arrestation par la brigade de recherche le 29 juin sur la base d’une condamnation à six mois de prison prononcée à son encontre par un tribunal de Dakar, en février. Un mandat d’arrêt avait été lancé, mais n’avait été suivi d’aucun effet jusqu’à sa convocation à la brigade de recherche. Le journaliste est actuellement détenu à la maison d’arrêt de Reubeuss. Ses avocats ont déposé une demande de mainlevée devant la cour d’appel de Dakar.
Au Sénégal, de nombreux mandats d’arrêt jamais appliqués sont régulièrement lancés par les tribunaux. Selon les confrères de Moustapha Sow, celui-ci ne s’attendait pas à être incarcéré.
Le directeur de publication de « L’Office » était poursuivi pour « diffamation » à l’encontre de Bara Tall, PDG d’une entreprise de BTP, dont le nom avait été cité dans une affaire de surfacturation et de détournements de fonds sur les chantiers de Thiès (Ouest). Le procureur reprochait à « L’Office » d’avoir publié près de 75 articles sur le rôle présumé joué par Bara Tall dans l’affaire, ce qu’il a qualifié d' »acharnement médiatique ». Lors du procès, les avocats du plaignant avaient réclamé 2,25 milliards de francs CFA (environ 3,5 millions d’euros).
L’affaire des chantiers de Thiès a secoué la vie politique sénégalaise pendant plusieurs mois, notamment lorsque l’ancien Premier ministre et maire de la ville, Idrissa Seck, a été emprisonné pour « corruption ».