(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste contre le placement en garde à vue par la gendarmerie de Moroni, pendant 54 heures, d’Aboubacar Mchangama, directeur de l’hebdomadaire privé comorien « L’Archipel », poursuivi pour la publication de deux articles évoquant des mécontentements au sein du corps des officiers. « Ce journaliste n’a fait qu’exercer son métier et la justice […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste contre le placement en garde à vue par la gendarmerie de Moroni, pendant 54 heures, d’Aboubacar Mchangama, directeur de l’hebdomadaire privé comorien « L’Archipel », poursuivi pour la publication de deux articles évoquant des mécontentements au sein du corps des officiers.
« Ce journaliste n’a fait qu’exercer son métier et la justice ne devrait pas perdre son temps à le poursuivre. De plus, dans une affaire comme celle-ci, la détention, même dans le cadre d’une garde à vue, est injuste et perverse. Injuste car nous rappelons que les litiges avec la presse doivent se régler au civil ou au sein d’organes de régulation indépendants. Perverse parce que les plaignants ne peuvent pas sérieusement s’attendre à ce que ce journaliste révèle ses sources autrement qu’en le soumettant à de fortes pressions policières », a déclaré Reporters sans frontières.
Aboubacar Mchangama, par ailleurs président de l’Organisation comorienne de la presse écrite (OCPE), a été interpellé le 25 mars 2006 vers 9 heures du matin (heure locale) par la brigade judiciaire de la compagnie de gendarmerie de Moroni et immédiatement placé en garde à vue. Relâché le 27 mars à 15 heures, il doit comparaître devant le tribunal le 28 mars. Le délai légal de la garde à vue aux Comores est de 24 heures, reconductible une seule fois.
Des officiers de l’armée de l’Union des Comores ont porté plainte contre le directeur de « L’Archipel » suite à la publication, le 8 février, d’un article faisant état de la grogne de certains gradés après que trois officiers eurent été promus au rang de commandant sur la base d’un « copinage », selon les sources du journal. Le 15 mars, « L’Archipel » avait fait état de sanctions disciplinaires qui auraient frappé « les officiers qui avaient fait part de leur mécontentement ». Ceux-ci se sont alors tournés vers la justice en estimant que ces sanctions leur avaient été infligées par la faute du journaliste.
Des sources locales non confirmées indiquent que le journaliste est poursuivi pour « préjudice moral et matériel ». Avant son placement en garde à vue, il avait déjà été interrogé par des officiers dans le cadre d’une « enquête de commandement interne ».