RSF dénonce l'arrestation du responsable du site d'informations Taqadoumy, Hanevy Ould Dehah, sur ordre du parquet de Nouakchott.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce l’arrestation du responsable du site d’informations Taqadoumy ( http://www.taqadoumy.com ), Hanevy Ould Dehah, le 18 juin 2009, sur ordre du parquet de Nouakchott. Elle intervient suite à une plainte déposée par le candidat à l’élection présidentielle Ibrahima Moctar Sarr, président du parti d’opposition AJD/MR (l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la rénovation).
Selon le Syndicat des journalistes mauritaniens (SJM), Hanevy Ould Dehah a été arrêté par un homme en civil qui s’est avéré être un gendarme. Il a ensuite été conduit « menottes aux poignets à la brigade de gendarmerie puis dans un commissariat de police ».
Le 22 mai, le candidat Ibrahima Moctar Sarr avait porté plainte contre Taqadoumy en raison de la publication, le 22 avril 2009, d’un article intitulé « La fortune soudaine de Ibrahima Sarr », faisant état de « l’achat par Monsieur Sarr d’une villa à 30 millions d’ouguiyas sur la route de Nouadhibou, dans le secteur dit ‘les terrains de l’université’, l’un des quartiers les plus huppés de la capitale ». Le candidat Sarr et ses proches avaient jugé cet article « diffamatoire et sans fondement ». Le candidat a alors décidé de saisir la justice.
« Cette arrestation a, certes, été effectuée dans le cadre d’une procédure judiciaire, mais l’attitude contestable des autorités laisse planer une menace sur l’avenir du site Internet et sur le traitement de l’affaire. Nous rappelons notre opposition de principe à toute peine de prison dans le cadre d’une procédure pour diffamation. Nous exigeons un procès équitable », a déclaré l’organisation.
Le 21 juin, l’avocat du journaliste, Sid’Elmoktar Ould Sidi, n’a pas eu le droit de rendre visite à son client. Selon lui, les droits du journaliste ont été bafoués car il ne lui a pas été indiqué le motif de son arrestation. Hanevy Ould Dehah n’a pas accès à sa défense ou sa famille, droits pourtant garantis par les dispositions de l’article 58 du code pénal.
Depuis l’annonce de l’arrestation d’Hanevy Ould Dehah, le Parquet a été contacté par les avocats de 17 plaignants contre le site Internet. Le 18 juin, des journalistes et défenseurs de la liberté d’expression ont organisé une manifestation devant le siège du SJM pour exprimer leur solidarité avec leur collègue.