(RSF/IFEX) – Tchanguiz Vatankhah, rédacteur en chef de la station communautaire Radio Brakoss et président de l’Union des radios privées du Tchad (URPT), a entamé une grève de la faim en détention début mai 2006 pour exiger d’avoir accès à son avocat, a appris Reporters sans frontières auprès du président d’une organisation locale de défense […]
(RSF/IFEX) – Tchanguiz Vatankhah, rédacteur en chef de la station communautaire Radio Brakoss et président de l’Union des radios privées du Tchad (URPT), a entamé une grève de la faim en détention début mai 2006 pour exiger d’avoir accès à son avocat, a appris Reporters sans frontières auprès du président d’une organisation locale de défense des droits de l’homme.
« Quoi qu’on lui reproche, maintenir un homme en détention en le privant de ses droits n’est pas acceptable. De plus, sa détention paraît de plus en plus absurde. La très mauvaise publicité que cette affaire fait au gouvernement tchadien est bien plus nuisible que les éventuelles prises de position de ce directeur de radio. Le ministre de la Sécurité et de l’immigration doit enfin entendre notre appel à la libération immédiate de Tchanguiz Vatankhah, qui en est réduit à mettre sa propre vie en danger pour réclamer le plus élémentaire de ses droits », a déclaré Reporters sans frontières.
Tchanguiz Vatankhah, réfugié iranien vivant au Tchad depuis plusieurs dizaines d’années, a décidé de ne plus s’alimenter tant qu’il ne serait pas autorisé à rencontrer son avocat, a annoncé à Reporters sans frontières le président de l’organisation tchadienne Droits de l’homme sans frontières (DHSF), Deuzombé Daniel Passalet. « Quand on lui donne de l’eau, il n’en prend que quelques gouttes et ne fait que s’asperger avec le reste », a affirmé le président de DHSF. Selon lui, le directeur des renseignements généraux aurait fait acheter des médicaments à Tchanguiz Vatankhah, qui souffre de diabète. Celui-ci n’aurait accepté de les prendre qu’en présence de son avocat.
Le rédacteur en chef de Radio Brakoss, basée à Moïssala (Sud), a été arrêté le 28 avril 2006 et transféré au commissariat central de N’Djamena. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, il a été arrêté sur ordre du ministre de la Sécurité publique et de l’immigration, Routouang Yoma Golom, après avoir signé un communiqué au nom de l’URPT demandant le report de l’élection présidentielle du 3 mai. D’après plusieurs sources locales, lors de sa précédente détention, fin 2005, Tchanguiz Vatankhah s’était engagé, dans une lettre au gouvernement, à ne pas s’immiscer dans les affaires politiques tchadiennes à l’avenir. Le gouvernement tchadien estime qu’une telle ingérence est contraire au droit des réfugiés. Contacté par Reporters sans frontières, le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des droits de l’homme, Abderaman Djasnabaille, a affirmé qu’il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour faire libérer Tchanguiz Vatankhah. Tout en regrettant que ce dernier ait violé l’engagement qu’il avait pris, le ministre a déclaré qu’il avait pris contact avec Routouang Yoma Golom pour « trouver une solution ».
En septembre 2005, Tchanguiz Vatankhah avait été arrêté après l’émission d’un avis d’expulsion. Le ministre de la Sécurité publique et de l’immigration avait à l’époque déclaré que sa radio avait « ravivé la rancoeur entre les différentes communautés rurales en conflit ».