(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice Kanu Agabi, RSF s’est inquiétée de l’annonce par le gouvernement nigérian de son intention de poursuivre les journalistes étrangers auteurs de « mensonges malveillants ». « Tout porte à craindre que le gouvernement ne qualifie de ‘mensonges malveillants’ les informations qu’il souhaiterait passer sous silence », a déclaré […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice Kanu Agabi, RSF s’est inquiétée de l’annonce par le gouvernement nigérian de son intention de poursuivre les journalistes étrangers auteurs de « mensonges malveillants ». « Tout porte à craindre que le gouvernement ne qualifie de ‘mensonges malveillants’ les informations qu’il souhaiterait passer sous silence », a déclaré Robert Ménard. « Le Nigeria, qui a fait voter, lors de la dernière session de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, une résolution encourageant la Guinée équatoriale à consolider la situation des droits de l’homme, devrait justement se montrer exemplaire en la matière. » RSF a demandé au gouvernement de revenir publiquement sur cette déclaration, qui avant même d’être mise en application, constitue déjà une sérieuse atteinte à la liberté de la presse.
D’après les informations recueillies par RSF, le ministre Agabi a menacé, le 24 avril 2002, de poursuivre les journalistes étrangers se rendant au Nigéria, qui publieraient des « mensonges malveillants » sur le pays. Le communiqué du gouvernement est intervenu suite à la publication le 15 avril dans l’édition européenne de l’hebdomadaire américain « Time », d’un article rapportant que des journalistes étrangers avaient reçu du gouvernement une enveloppe contenant 50 000 nairas (environ 438 $US ; 450 euros) lors d’une conférence sur « le journalisme honnête et juste ». Le ministre de l’Information, qui avait organisé la conférence, y avait sévèrement critiqué la couverture des émeutes inter-communautaires de Lagos par la chaîne de télévision américaine CNN. Le 23 avril, le président Olusegun Obasanjo s’était déclaré « enragé » par l’article publié dans « Time » et avait ordonné la mise en place d’une enquête. Plusieurs correspondants internationaux ont confirmé avoir reçu cette enveloppe, et en avoir retourné le contenu.