Le ministre de la Justice de la République démocratique du Congo, Alexis Thambwe, a annoncé vendredi en conférence de presse que certains des prisonniers politiques du pays seraient libérés. Il a également déclaré que l'interdiction de deux médias proches de l'opposition serait levée, dans le cadre d'un effort visant à « décrisper » les tensions politiques dans le pays.
Cet article a été initialement publié sur hrw.org le 19 août 2016.
Le ministre de la Justice de la République démocratique du Congo, Alexis Thambwe, a annoncé vendredi en conférence de presse que certains des prisonniers politiques du pays seraient libérés. Il a également déclaré que l’interdiction de deux médias proches de l’opposition serait levée, dans le cadre d’un effort visant à « décrisper » les tensions politiques dans le pays.
Sur la liste des prisonniers figurent les activistes Christopher Ngoyi, Fred Bauma, Yves Makwambala et Jean-Marie Kalonji, ainsi qu’une vingtaine d’autres remis en liberté des semaines ou des mois auparavant.
Depuis janvier 2015, le gouvernement a arrêté des dizaines d’activistes, ainsi que des dirigeants et des partisans de partis d’opposition, après leur opposition aux tentatives de prolonger la présidence de Joseph Kabila au-delà de la limite constitutionnelle de deux mandats, dont le second prend fin le 19 décembre 2016. D’autres ont été arrêtés après avoir participé à des manifestations pacifiques ou d’autres activités politiques.
Ngoyi a été arrêté le 21 janvier 2015, pour sa contribution à l’organisation de manifestations contre les modifications proposées à la loi électorale. Il a été secrètement détenu par l’Agence nationale de renseignements en l’absence de chef d’inculpation, et privé d’accès à sa famille ou à des avocats pendant 20 jours, avant d’être transféré à la prison centrale de Kinshasa.
Bauma, un membre du mouvement des citoyens Lutte pour le changement (LUCHA), et Makwambala, un webmaster, ont été arrêtés aux côtés de plus d’une vingtaine d’autres personnes lors d’un atelier organisé à Kinshasa en mars 2015 à l’occasion du lancement de Filimbi, une plate-forme de la jeunesse pro-démocratique. L’Agence nationale de renseignements les a détenus pendant 50 et 40 jours, respectivement, avant de les transférer à la prison centrale de Kinshasa.
Kalonji, coordinateur du mouvement pro-démocratie Quatrième Voix, a été arrêté le 15 décembre 2015, et détenu par l’Agence de renseignements pendant 132 jours en l’absence de chef d’inculpation et privé d’accès à sa famille et à un avocat, avant d’être transféré à la prison centrale de Kinshasa.
Le gouvernement intenta des procès contre les quatre activistes à partir d’accusations fabriquées de toutes pièces, dans une volonté manifestement politique de faire taire la dissidence.
L’annonce de leur libération s’est faite au lendemain de la rencontre de Kabila avec des membres de la LUCHA dans la ville orientale de Goma, et est un pas dans la bonne direction. Elle indique une reconnaissance de la part du gouvernement congolais que les organisations de jeunes la LUCHA et Filimbi ne sont pas des organisations « terroristes » préparant des « activités subversives », comme l’avaient affirmé certains officiels.
Mais il est nécessaire que le gouvernement fasse beaucoup plus. D’autres prisonniers politiques demeurent en détention, parmi lesquels Bienvenu Matumo et Marc Héritier Kapitene, membres de la LUCHA ; Jean de Dieu Kilima, de Filimbi ; le leader d’opposition Jean-Claude Muyambo ; le membre de parti d’opposition Victor Tesongo, ainsi qu’un certain nombre de collaborateurs de Moise Katumbi, l’ancien gouverneur de la l’ex-province du Katanga, qui a quitté le parti de Kabila en septembre dernier pour rejoindre l’opposition.
Les autorités congolaises devraient libérer tous les prisonniers politiques et abandonner les charges retenues contre les personnalités de l’opposition et les activistes ciblés pour leurs opinions politiques ou leur participation à des manifestations pacifiques. Elles devraient également traduire en justice les personnes responsables de détentions illégales et arbitraires, et d’ingérence politique dans le système judiciaire.