(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle le gouvernement intérimaire à ordonner une enquête sur des actes de torture et d’abus de pouvoir à l’encontre du journaliste Noor Ahmed. L’organisation de défense des droits de l’homme Odhikar vient de publier un rapport d’enquête qui démontre de manière précise que le journaliste a été arrêté et torturé […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle le gouvernement intérimaire à ordonner une enquête sur des actes de torture et d’abus de pouvoir à l’encontre du journaliste Noor Ahmed. L’organisation de défense des droits de l’homme Odhikar vient de publier un rapport d’enquête qui démontre de manière précise que le journaliste a été arrêté et torturé en 2007 par des membres du Rapid Action Battalion à Sylhet (Nord-Est). Cette affaire rappelle celles des journalistes Tasneem Khalil et Jahangir Alam Akash également arrêtés et torturés par les forces de sécurité en 2007.
« Les informations rendues publiques par Odhikar prouvent qu’Ahmed Noor n’avait aucun lien avec les faits qui lui étaient reprochés. Il est déplorable que des responsables locaux, notamment ceux chargés de maintenir l’ordre, s’en prennent aux journalistes impunément. Les autorités ne peuvent pas rester silencieuses, de surcroît avant les élections. La justice doit rétablir la vérité et punir les auteurs de cet acte inacceptable », a affirmé Reporters sans frontières.
Le 7 avril 2007, Noor Ahmed dit Ahmed Noor, rédacteur en chef du quotidien local « Dainik Sylhet Protidin » et secrétaire général du Club de presse de Sylhet (Nord-Est), a été arrêté par des membres du Rapid Action Battalion (RAB 9), force d’élite anti-criminalité du Bangladesh, et conduit de force, les yeux bandés, dans une camionnette.
Noor Ahmed a déclaré à Odhikar qu’il avait été torturé à plusieurs reprises. Il a d’abord été battu avec un bâton des pieds aux genoux pendant vingt minutes. Il était interrogé sur son implication dans une affaire d’extorsion. Il était battu chaque fois qu’il niait les faits.
Après une nuit de tortures physiques et mentales, il a signé un document sans être en mesure de lire ce qui était inscrit. Il a ensuite été conduit au commissariat de police de Sylhet.
Noor Ahmed a été arrêté au même moment que deux autres journalistes, Sajol Daash, directeur du quotidien « Dainik Khabor », et Apurbo Sharma, reporter du quotidien « Dainik Jugveri », pour les mêmes chefs d’accusation. Durant son interrogatoire, Sajol Daash aurait dénoncé sous la torture la prétendue implication de Noor Ahmed.
À peine innocenté, une autre plainte a été déposée contre Noor Ahmed par Jamal Uddin, l’assistant du directeur du RAB 9. Ce dernier l’a accusé de fraude, d’extorsion de fonds et a prétendu qu’il avait travaillé dans un journal en même temps qu’il occupait un emploi dans un organisme public. Noor Ahmed a été finalement acquitté par la cour et libéré sous caution le 3 septembre 2007.
Alors qu’il était en prison, des officiers du RAB ont menacé Noor Ahmed de l’incarcérer de nouveau s’il reprenait le journalisme.
Pour le rédacteur du « Dainik Sylhet Protidin », son inculpation serait due à une enquête qu’il menait sur des activités illégales du RAB et sur l’implication de l’inspecteur général de la police de Sylhet, M. Shahidullah, dans une affaire de pots-de-vin. Il a déclaré à Odhikar que son arrestation devait servir de mesure d’intimidation pour décourager les autres journalistes de publier ce genre d’enquête.
Ainsi, après la publication dans son journal d’un rapport d’Odhikar embarrassant pour les autorités, le 14 mai 2007, des agents du RAB avaient demandé à plusieurs reprises à la rédaction de stopper la publication du journal et ont menacé Noor Ahmed, alors qu’il était encore en prison, de fermer son journal.