(RSF/IFEX) – A l’approche des élections parlementaires, le ministre singapourien de l’Information, de la Communication et des Arts, Balaji Sadasivan, a rappelé, lundi 3 avril 2006, la réglementation très stricte qui encadre depuis 2001 l’utilisation d’Internet en période électorale. Le gouvernement singapourien a d’ores et déjà lancé un avertissement aux internautes qui se risqueraient à […]
(RSF/IFEX) – A l’approche des élections parlementaires, le ministre singapourien de l’Information, de la Communication et des Arts, Balaji Sadasivan, a rappelé, lundi 3 avril 2006, la réglementation très stricte qui encadre depuis 2001 l’utilisation d’Internet en période électorale. Le gouvernement singapourien a d’ores et déjà lancé un avertissement aux internautes qui se risqueraient à discuter de politique sur le web. Ceux-ci sont même passibles de poursuites judiciaires. Bien que la date officielle du scrutin n’ait pas encore été fixée, les élections devraient se tenir dans les prochains mois.
Reporters sans frontières dénonce une réglementation qui conduit à museler la liberté d’expression en ligne, à l’instar de ce qui se fait déjà pour les médias traditionnels. « Les autorités singapouriennes démontrent une nouvelle fois leur volonté d’empêcher la tenue d’un véritable débat démocratique sur Internet », a déploré l’organisation.
Lors de la séance parlementaire du 3 avril 2006, Balaji Sadasivan a rappelé et élargi les dispositions très restrictives qui encadrent l’utilisation d’Internet durant les campagnes électorales. Ainsi, les bloggers et les responsables de sites n’ont pas le droit de soutenir le programme d’un candidat en particulier. En temps normal, les bloggers doivent s’enregistrer auprès de l’Autorité de développement des médias (MDA), s’ils veulent défendre ouvertement et régulièrement une ligne politique. Mais, en période électorale, le fait d’être enregistrés ne les autorise pas à s’exprimer sur des sujets politiques. Les responsables de site sont soumis à la même obligation.
Ces restrictions s’étendent désormais également aux nouvelles technologies d’Internet. Le ministre a en effet précisé que l’utilisation, pendant la campagne, du podcasting et du videocasting, deux nouveaux procédés qui permettent de rendre accessible sur Internet du contenu audio ou vidéo, sera interdite dès lors qu’il s’agira de contenus politiques. Lors de la dernière campagne, en novembre 2001, le principal parti d’opposition, le Parti démocratique de Singapour, avait eu recours à la technique du podcasting.
Sinapan Sanydori, président de l’organisation de défense de la liberté d’expression singapourienne Think Centre (http://www.thinkcentre.org), lui-même contraint d’enregistrer son site, constate qu’il n’y a eu aucune amélioration depuis les dernières élections de 2001, durant lesquelles les sites officiels des partis étaient déjà la seule source d’information politique autorisée.
Un autre blogger singapourien, connu sous le pseudonyme d’Alex (http://www.yawningbread.org), souligne la confusion provoquée par les propos du ministre, sur les limites exactes du droit des internautes à s’exprimer sur la politique de son pays. « Les déclarations du ministre soulèvent de nouvelles questions plutôt qu’elles ne clarifient la situation », a-t-il affirmé à Reporters sans frontières.