Le gouvernement a donné des directives à ses ministères et à ses fonctionnaires en vue de restreindre l’accès pour toute personne, média ou organisation à 140 types d’informations.
(RSF/IFEX) – Le 1 février 2012 – Reporters sans frontières s’inquiète de la décision du gouvernement népalais, le 15 janvier 2012, d’élargir le champ des documents classifiés. L’organisation condamne, par ailleurs, les violences subies par les journalistes depuis le début de l’année.
« L’accès aux documents officiels est essentiel à la liberté de l’information, qui est une composante vitale de la démocratie. Nous appelons les autorités à revenir sur leur décision. Comment informer sur la politique du gouvernement et des dirigeants, sans disposer des documents nécessaires ? », a déclaré l’organisation.
« Nous apportons notre soutien aux journalistes qui ont manifesté contre cette mesure et attendons la décision de la Cour suprême quant aux recours déposés. Nous restons vigilants sur les suites de cette affaire », a ajouté Reporters sans frontières.
Le gouvernement népalais a donné des directives à ses ministères et à ses fonctionnaires en vue de restreindre l’accès pour toute personne, média ou organisation à 140 types d’informations. Il s’agit d’une restriction drastique par rapport au Right to Information Act (RTI) de 2007, qui limitait ces catégories à 5, notamment celles relatives aux pouvoirs régaliens de l’Etat. Elles concernent désormais, entre autres, le financement des partis politiques, des projets de développement, les décisions du Parlement et les principales décisions du gouvernement.
Le 29 janvier 2012, à Dhankuta (Est), des journalistes ont profité de leur couverture de la venue du Premier ministre, en marge d’un festival, pour protester pacifiquement. Pour exprimer leur mécontentement, ils ont revêtu un brassard noir. Les organisateurs leur ont demandé de le retirer ou de quitter le festival. Après avoir été escortés vers la sortie, ils ont été interdits d’entrer et retenus par la police durant quatre heures. Certains ont été malmenés. Deux recours d’intérêt public ont également été déposés à la Cour suprême par une association d’avocats, contre la décision du gouvernement.
La Cour suprême se réunit depuis le 31 janvier et jusqu’au 5 février. Considérant que la décision pourrait avoir un effet néfaste sur le droit à l’information, une ordonnance de suspension provisoire a depuis été rendue. La Cour devrait aussi entendre toutes les différentes parties au litige. De son côté, le gouvernement, par l’intermédiaire du Bureau du premier ministre et du Conseil des ministres, a émis une directive enjoignant ses ministères à ne pas appliquer les nouvelles classifications.
Le même jour, une délégation de la Fédération des journalistes népalais (FNJ) a rencontré le Premier ministre Baburam Bhattarai. Ce dernier leur a assuré que la décision ne devrait pas entrer en vigueur et que les parties seraient consultées à l’avenir, s’agissant d’affaires de classification de ce type.
Ces événements interviennent alors que les violences à l’égard des journalistes ne faiblissent pas, en ce début d’année. Le plus souvent, elles incombent aux partis politiques.
Le 29 janvier 2012, Abadesh Kumar Jha, reporter pour Kantipur et The Kathmandu Post, a été menacé par Laxman Thapa, officier en chef et président du comité de sécurité du district de Morang (Est). Il avait enquêté sur la protection que Laxman Thapa avait accordé à une entreprise visée par une affaire de contrefaçon.
Le 24 janvier, à Lamjung (est du pays), Murali Kumal, membre du parti Nepali Congress, a menacé Naveen Raj Kuikel, du Khabar Daily, de lui briser les mains et de brûler son journal. Il n’avait pas apprécié un éditorial publié par le journal.
A Khatang (Est), Surya Tamang, rédacteur en chef pour Rupakot Communiy Radio, a déclaré avoir été menacé par un inconnu, le 23 janvier 2012, pour le simple motif qu’il était journaliste.
Le 21 janvier, Ram Sharan Kharel, éditeur de l’hebdomadaire Rashtrachakra, a été pris à partie par un groupe de professeurs, dans le district de Kabhrepalanchok. Ils ont menacé de le frapper pour avoir publié un article sur des irrégularités de gestion de l’école. Kamal Prasad Kharel, correspondant du journal, a lui aussi été menacé.
A Barahachhetra, dans le district de Sunsari (Est), Himal Rai, reporter pour le Byline Weekly, a été battu et s’est fait voler du matériel le 15 janvier, en revenant d’une fête religieuse qu’il avait couverte. Son agresseur, Binod Limbu, aurait déclaré « tu es celui qui écrit les nouvelles », alors qu’il était ivre au moment des faits. Il a été arrêté par la police, qui était pourtant restée spectatrice de l’agression.
Le 4 janvier, dans le district de Tanahu (Ouest), l’assistant du chef du district, Rajendra Prasad Ghimire, lui aussi en état d’ébriété, s’en est pris à Dambar Bahadur Adhikari et Omkar Acharya, respectivement rédacteurs en chef du Setimadi Daily et du Madiseti Prabaha. Les deux journalistes rapportaient des nouvelles sur de présumées irrégularités financières dans la distribution de médicaments contre l’éléphantiasis.
Le 3 janvier, les membres d’un gang non identifié ont battu Tirtha Jaisee, reporter pour Bheri FM, à Nepalgunj (centre-ouest). Une personne a été arrêtée le lendemain.
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